Santé mentale : un combat parfois silencieux

Il y a deux ans, j’ai été diagnostiquée d’un trouble de la personnalité limite, plus communément connu sous le nom de « borderline personality disorder », ainsi que d’un trouble anxieux. Il va sans dire que ces dernières années ont été un réel défi pour moi. Les troubles anxieux étant eux-mêmes assez courants, les troubles de la personnalité sont très différents et résultent la plupart du temps d'un traumatisme, d’une prédisposition génétique ou encore d’un déséquilibre chimique dans le cerveau. Il m'a cependant fallu attendre un certain temps avant d’obtenir le bon diagnostic, les symptômes du TPL étant fortement similaires à ceux du trouble bipolaire. La partie la plus difficile quand on souffre d'un trouble psychique, c’est la manière dont la société a tendance à nous dépeindre. En effet, les personnes atteintes de maladies mentales sont très souvent vues comme manipulatrices, dangereuses, impuissantes et égoïstes, toutes des idées reçues. Les gens ne sont toujours pas assez éduqués en matière de santé mentale et c’est quelque chose qui, de nos jours, vient réellement poser problème.

 

Il y a 5 ans, j’ai eu à faire le deuil d’un ami après des années de lutte contre la dépression. Lorsqu’il s’agit de suicide, au lieu d’apporter l’aide nécessaire à la personne en détresse, il est toujours plus facile de passer outre et d’ignorer les signes. On nous dit que certains l’ont eu pire, que ce n’est qu’une mauvaise passe, qu’il est inutile de dramatiser... C'est malheureusement ce qui arrive lorsque quelqu’un se résigne enfin à demander de l’aide : personne ne semble prendre la situation au sérieux, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Nul ne peut savoir ce que traverse autrui et ce qu’il se passe véritablement dans sa vie. Vivre avec la dépression ou toute autre condition psychologique ne signifie pas nécessairement passer la journée entière à pleurer dans son lit ; c’est aussi souffrir en silence tout en gardant le sourire. Ce n'est pas parce qu’une personne a vécu l’expérience d'une certaine manière qu’elle se manifestera automatiquement de la même façon pour une autre. Ce qui me désole le plus dans tout ça, c’est qu’avoir des problèmes de santé mentale est devenu tendance chez les plus jeunes, voire même une sorte d’esthétique sur les réseaux sociaux. Désormais, le terme « dépression » est utilisé à tout va et dans n’importe quel contexte, ce qui tend à décrédibiliser ceux ou celles souffrant réellement de la maladie.

 

Ce que la société a du mal à comprendre c’est qu’aujourd’hui, l’utilisation de termes psychologiques tels que « bipolaire » pour décrire un état d’esprit ou un mauvais tempérament vient davantage contribuer à l’augmentation de la stigmatisation autour de la santé mentale. C'est pourquoi il est primordial de se renseigner davantage sur le sujet, afin de briser une fois pour toutes le tabou. C'est un enjeu réel qui doit cesser d’être à la fois démonisé et romantisé. Vivre avec un trouble psychique est un combat quotidien pouvant toucher n’importe qui et qui nécessite beaucoup plus de reconnaissance; ce n'est pas un choix et encore moins une honte. Il est normal de lutter et souffrir en silence ne devrait jamais être une option.

Margot Duga

Source

Image: La santé mentale au travail : Une question de gros bon sens. (s. d.). Consulté 4 décembre 2021, à l’adresse https://www.revuegestion.ca/la-sante-mentale-au-travail-une-question-de-gros-bon-sens

Un évènement imprévu

La vie est une boucle. On apprend à vivre d’une certaine manière et chaque choix, chaque pas que  nous faisons nous rapporte toujours vers la même direction. Lorsqu’on enlève leurs repères aux hommes, ceux-ci sont complètement perdus et perdent une part de ce qu’ils sont, ne savent plus comment se comporter. La pandémie est une très bonne illustration de cette affirmation et c’est ce que nous démontre l’histoire de Marlène Gibaud.

 

Marlène est secrétaire. Elle a 59 ans et habite à Saint Cyr L’école. Elle est divorcée et n’a aucun enfant. Tous les matins, Marlène se lève à sept heures, boit son café noir avec un demi-sucre et monte dans sa voiture à huit heures pile. Elle allume la radio et se met à fredonner sa chanson préférée, « I started a joke «  des Bee Gees. Son trajet dure quinze minutes et la conduit jusqu’au parking de la maison de repos Saint Julien.

 

La maison de repos, elle la connaît bien. Elle en connaît tous les employés, les habitudes et tous les petits recoins. Effectivement, cela fait près de six ans que Marlène vient rendre visite à sa mère tous les jours. Chaque jour, chaque week-end, de 8h15 à 9h, Marlène est présente pour sa mère Ginette, âgée de 95 ans. Les deux femmes ont une relation très fusionnelle : Ginette a élevé Marlène toute seule et l’a accompagnée tout au long de sa vie. Marlène ne peut donc pas s’empêcher de lui rendre la pareille depuis son installation en maison de repos.

 

Cependant, avec l’arrivée de la pandémie, les habitudes de Marlène ont toutes été modifiées. Cette femme qui dévouait tout son temps à sa mère et à son bien-être se retrouve désormais enfermée chez elle, et n’a maintenant aucune possibilité de lui rendre visite.

 

Lassée de ce qu’elle considère comme un emprisonnement, Marlène décide un jour de se rendre à la maison de repos, et ce sans aucune autorisation préalable. La chambre de sa mère se trouvant au rez-de-chaussée, Marlène fait discrètement le tour du bâtiment et tapote à la vitre de façon discrète et rapide. Les rideaux s’ouvrent, dévoilant le sourire de Ginette, très heureuse de retrouver sa fille adorée. Malheureusement, la pandémie et la fragilité de Ginette les empêchent de se rapprocher.

Marlène, masquée, ne supporte finalement pas cette situation, se sent très vite oppressée. Elle a beaucoup de chagrin à voir sa mère enfermée ainsi et de ne pas pouvoir la soutenir comme à l’ordinaire.

 

Au lieu d’apporter du réconfort à Marlène, cette visite clandestine et imprévue est finalement un désastre. Le fait de devoir échanger avec sa mère à travers une fenêtre  sans pouvoir lui parler ou la tenir dans ses bras est une expérience traumatisante. Même si elle attend avec impatience que soit redonnée l’autorisation de visite dans les maisons de retraite, Marlène se demande si elle sera capable d’y aller aussi fréquemment qu’auparavant et de retrouver la joie qui l’accompagnait à chaque visite.

L’expérience pandémique l’a profondément angoissée, et a indirectement impacté sa relation avec sa mère.

Elle qui était pétrie d’habitude et rassurée par son petit train-train, elle est surprise qu’un événement comme celui-ci puisse engendrer une telle réaction chez elle. Elle ne se reconnaît plus.

 

Anja Conton

Représentation ethnique dans le cinéma d’époque : la controverse de La chronique des Bridgerton

Avez-vous déjà regardé La chronique des Bridgerton ? La série sortie le 25 décembre 2020 a été un très beau cadeau de Noël pour près de « 82 millions de foyers abonnés à la plateforme Netflix » (Radio-Canada, 2021). Se déroulant en 1813, la première saison de la série suit le personnage de Daphne Bridgerton, fille ainée du défunt vi-compte de Londres, lors de la saison mondaine. Saison durant laquelle les jeunes adultes de la haute société doivent trouver leur future femme ou futur mari. Daphne est désignée, au tout début de l’épisode un, comme le diamant de la saison par la reine d’Angleterre. Entre drames et amour, les spectateurs suivent l’histoire des différents personnages lors de cette saison mondaine. À première vue, cette série n’aborde pas de sujets problématiques ou controversés, mais c’’est pourtant une vague déferlante de critiques et de haine qui a ravagé les réseaux sociaux après sa sortie, la cause étant l’origine ethnique de certains acteurs.  

En effet, nous pouvons retrouver dans la haute société de Londres du XIXe siècle un grand nombre de personnes racisées et issues de minorités. La critique se fonde donc sur le manque de réalisme de la série.  

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© La Chronique des Bridgerton / Netflix)

Il n’est pas difficile de comprendre que la distribution de La chronique des Bridgerton n’a malheureusement rien à voir avec la réalité de l’époque. Des tweets tels que « la diversité dans les drames d’époque ne fonctionne pas » ont fait beaucoup de bruit dans le monde des médias. L’emploi du terme « fonctionner » est quelque peu perturbant ici, car il est difficile de comprendre en quoi la présence d’acteurs issus de minorités entrave la trame de l’histoire. Est-il acceptable de comparer l’importance de la couleur de peaux des personnages présents dans cette série avec ceux présents dans un film comme Twelve years a slave (Steve McQueen), où la couleur de peau des acteurs et actrices est directement liée au rôle qui leur est accordé? Dans ce type de films, la couleur de peau joue un rôle majeur dans l’histoire puisque c’est bel et bien la pièce maîtresse de l’histoire. Cependant, dans le cas de la série La chronique des Bridgerton, la couleur de peau et l’histoire en général ne font pas partie de la trame narrative. Les cinéastes ont plutôt décidé d’utiliser les éléments de l’époque qui leur importait pour l’histoire, comme l’esthétique, l’importance de la hiérarchie, etc. Toutefois, c’est leur droit de ne pas prendre en compte d’autres aspects de la réalité de l’époque. 

De plus, cela donne en fait des opportunités de travail aux acteurs issus de minorités. L’acteur Omar SY nous dit qu’il « n’y a pas assez de diversité sur la scène artistique » (Ouest-France, 2016). En effet, le manque de diversité chez les acteurs hollywoodiens est flagrant. Selon Radio-Canada « si elle a légèrement augmenté pour se situer à 19,8 % en 2017, la proportion d'acteurs non blancs est loin d'égaler leur part dans la population américaine, évaluée à environ 40 % » (2019). Donc renforcer cet écart avec comme seule excuse que « ça ne colle pas avec l’histoire », alors que l’importance de ce facteur est moindre, ne vaut pas vraiment le coup. Il serait peut-être temps de reconnaître l’importance de la représentation et de laisser de côté la réalité historique que d’autre films dramatiques de l’époque, comme La Duchesse (Saul DiBbb) portraient parfaitement. Ne faudrait-il pas commencer à accepter les deux façons de faire ?   

Au même moment, de l’autre côté des réseaux sociaux, une autre équipe prend forme : elle est formée de ceux qui critiquait l’inexistence de la mise en avant des différences raciales dans la série. Cette équipe parle elle aussi de manque de réalisme, mais dans ce cas, elle se soucie davantage des problèmes de société actuels, qui sont totalement mis de côté, qu’au manque d’exactitude historique. Certains spectateurs déplorent l’inexistence de lutte raciale ou de représentation de situations injustes vécues par les minorités.  

Néanmoins, il ne faut pas oublier le but des œuvres artistiques en générale. Pouvons-nous blâmer l’auteure du livre fantastique, car il n’est pas assez réaliste et conscient de ce qu’il se passe réellement dans le monde? Les artistes cherchent à créer et les cinéastes ne sont pas une exception et ne devraient pas l’être. Que ce soit des émotions, des histoires ou encore des mondes, le but final est d’être original et de s’exprimer avec pour seules limites celles qu’ils s’imposent. Ainsi, est-ce judicieux de blâmer l’artiste qui imagine un monde dépourvu de haine raciale et qui, par conséquent, ne cherchera pas à la dénoncer? C’est d’ailleurs peut-être en « normalisant » ces représentations que le cinéma pourrait faire réellement une différence.   

Enfin la question de l’origine ethnique des acteurs est souvent et peut-être trop souvent remis sur la table dans les médias, que ce soit les médias de masse ou les réseaux sociaux. Shonda Rhimes, l’une des productrices de la série et aussi productrice de séries télévisées à succès comme Grey’s Anatomy ou Scandal, a souvent été sujette à de nombreuses critiques pour la mise en avant de couples interraciaux. Aussi, bien que ce soit une vision très futuriste et peu réaliste pour l’époque à laquelle nous vivons, celle-ci décide souvent de ne pas mettre en avant les épreuves auxquelles peuvent faire face les couples interraciaux dans le monde extérieur. Le message qu’elle essaie de faire passer en continuant ce trope malgré les critiques est peut-être d’arrêter de voir les êtres humains comme des noirs, des blancs, des latinos… mais plutôt comme des personnes. Cette vision est-elle un peu trop utopique? Faudrait-il justement prendre en compte ces facteurs pour faire une différence, car fermer les yeux ne mène à rien? Ou alors est-ce justement en fermant les yeux sur ces facteurs et en rendant cela « normal » au cinéma qu’il peut effectivement y avoir un impact sur la vision du monde des spectateurs ?

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© La Chronique des Bridgerton / Netflix

Article écrit par Samantha Antoine

Références :

Radio-Canada. (2021, 29 janvier). La chronique des Bridgerton bat un record de visionnements, selon Netflix. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1766973/chronique-bridgerton-record-visionnements-netflix

Agence France-Presse. (2019, 22 février). Les femmes et les minorités toujours nettement sous-représentées à Hollywood. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1154544/hollywood-femmes-minorites-visibles-discrimination-cinema

Help : Que faire après mes études ?

Il t’est sûrement déjà arrivé de te demander ce que tu voulais faire après ton diplôme en communication. Continuer tes études ? Te lancer dans le monde professionnel ? Prendre une année sabbatique ? Les possibilités sont nombreuses, et c’est d’ailleurs pour ça que tout est si flou. Pas de panique, tu n’es pas seul.e à avoir ces questionnements et je te propose aujourd’hui quelques conseils pour aborder cette question avec plus de sérénité.

Pourquoi es-tu obsédé.e par cette question ?

On nous répète depuis toujours que l’on doit avoir un objectif de vie, une carrière qui doit être tracée à l’avance comme condition de réussite. À force, on est persuadé que si on ne sait pas où on va, on ne réussira jamais. Si tu as besoin de cinq ans pour trouver ta voie, alors prend-les. Personne n’a à te juger sur le chemin que tu décides de prendre. De plus, ton orientation professionnelle n’est pas figée. Il faut plutôt voir ça comme quelque chose de fluide, qui change avec le temps, notre propre évolution et le contexte dans lequel on vit (regarde le nombre de personnes qui se sont trouvées des vocations pendant le confinement !). En plus, la communication est un secteur d’activité en pleine croissance. Ça veut dire que le métier que tu feras plus tard n’existe peut-être pas encore à l’heure actuelle. Et puis, tu peux même créer ton propre métier si tu n’en trouves pas qui te corresponde vraiment.

Conseils pour t’aider dans cette quête

Si ce questionnement te prend vraiment trop la tête, tu peux faire plusieurs choses pour t’aider à diminuer ce tourment.

J’ai parlé tantôt de l’année sabbatique. Parfois, il peut s’avérer utile de prendre du temps pour soi, pour se poser et réfléchir à ce qu’on veut faire de notre vie. Ça peut être un mois, six mois, trois ans, peu importe. Si voyager dans un pays étranger et découvrir une nouvelle culture et de nouvelles personnes t’aident à trouver qui tu es et ce que tu veux faire de la vie, alors fais-le. Aujourd’hui, les recruteurs sont généralement plus compréhensifs face à ce genre de choses, donc ça ne fera pas « tache » sur ton C. V.

Des recherches sur ce qui t’intéresse

Internet est ton ami. On a la chance de pouvoir chercher des informations et trouver (90% du temps) une réponse satisfaisante. Plus besoin de se plonger dans des livres. Désormais, témoignages, fiches métiers, vidéos, podcasts, etc. sont à ta disposition en ligne. Il existe mille et une façons de trouver de l’information sur ce que tu cherches. Tu ne sais pas par où commencer ? Je te conseille de dresser un tableau avec trois colonnes : ce que tu aimes un peu, ce que tu aimes beaucoup et ce que tu n’aimes pas. Parmi ce que tu as déjà fait en communication (ou même ailleurs), place les éléments dans les colonnes. 

Dans la première colonne, écris les choses qui t’intéressent, mais sur lesquelles tu ne passerais pas tout ton temps non plus. Dans la deuxième colonne, ce sont les choses que tu préfères faire ou qui t’intéressent vraiment. Ce sont des activités qui t’inspirent et te motivent. C’est là-dessus que tu dois prioriser tes recherches et essayer de contacter des professionnels car tu te vois éventuellement en faire ton métier. Dans la troisième colonne, ce sont les activités que tu ne veux absolument pas réaliser dans ton travail. Par exemple, si la gestion de réseaux sociaux, ce n'est vraiment pas pour toi et que tu tombes sur une offre d'emploi dans laquelle 50% de ton travail sera de gérer les communautés de ton entreprise, alors je pense que pour ta survie, il est préférable d'en chercher une autre. Après, c'est à toi de voir si tu veux faire des compromis. Une fois le tableau fait (il peut évidemment évoluer au fil du temps), tu sais sur quoi prioriser tes recherches.

Si tu ne sais pas où chercher, tu peux regarder sur les sites spécialisés comme Le Grenier aux Nouvelles car il y a certains articles qui font des focus sur certains métiers de la communication. Les sites des agences de communication font aussi souvent des points sur leurs métiers en présentant les services qu’elles offrent à leurs clients. Si tu veux avoir un aperçu rapide d’une discipline, comme les relations publiques par exemple, jeter un œil à sa page Wikipédia peut toujours te donner des pistes. Regarder les offres d’emploi te permettra aussi de voir les tâches qui sont souvent associées à certains métiers, donc de voir un peu plus concrètement ce que tu devras y faire (il y en a sur LinkedIn, Isarta, Espresso Jobs, Indeed, Welcome to the Jungle, pour ne pas être exhaustive). Tu peux aussi chercher des personnes qui exercent un métier qui t’intéresse et regarder leur parcours universitaire et professionnel (s'il est disponible sur LinkedIn). Sinon, il existe des chaînes YouTube qui traitent des métiers de la communication comme Ikigai, qui s’adresse d’abord aux entrepreneurs, mais tu y trouveras tout de même plusieurs vidéos sur la communication, expliquée par des professionnels. Pour ce qui est des podcasts, Clavardage et Influence Digitale peuvent être des bons points de départ.

N’oublie pas que la plupart de nos chargé.e.s de cours travaillent ou ont déjà travaillé pour des clients réels et qu’ils savent donc comment ça se passe sur le terrain. N’hésite pas à leur envoyer un courriel : ils sont plus faciles à atteindre que des professionnels avec qui tu n’as aucune attache.

Affiniti de l’UdeM

J’ai l’impression que cet outil est passé pas mal inaperçu auprès des étudiant.e.s, et pourtant, je l’ai trouvé très pertinent. Tu dois seulement cocher trois centres d’intérêt parmi une liste prédéfinie, puis l’outil te donne tous les programmes à l’UdeM (que tu ne connais peut-être pas) qui te correspondent : baccalauréat, majeure, mineure, microprogramme, certificat, etc. Ça peut être l’occasion pour toi de te former à quelque chose de nouveau, ce qui te laissera un peu plus de temps pour réfléchir et te préparer au monde professionnel.

Les groupes Facebook d’(anciens) étudiant.e.s

Tu dois sûrement déjà être dans le groupe Comm+1  avec tes camarades des programmes de communication de l’UdeM. Tu peux y poser toutes tes questions et partager tes doutes car, je te l’assure, un bon nombre de personnes ont les mêmes que toi ! Si tu souhaites plutôt parler avec des personnes (sûrement) plus avancées dans leur orientation professionnelle, tu peux te diriger vers le groupe des étudiant.e.s aux Cycles supérieurs en communication (UdeM). Ils connaissent mieux que toi le milieu et pourront te conseiller et te donner des pistes à creuser pour trouver ta voie.

Le mentorat

Enfin, si tu as vraiment besoin de concret, tu peux toujours opter pour le mentorat. Academos et Mentorat Québec sont des plateformes spécialisées dans ce domaine et elles peuvent te mettre en contact avec des professionnels qui travaillent dans le secteur qui t’intéresse. C’est une formule un peu spéciale qui demande un certain niveau d’engagement des deux côtés. Donc, si tu préfères faire tes recherches tranquillement dans ton coin, je ne te conseille pas cette option. En revanche, si tu es décidé.e à trouver ta voie, alors fonce !

Laisse-toi du temps

Finalement, le meilleur conseil que je peux te donner, c’est de te laisser du temps. Si tu ne te sens pas prêt.e à faire ça dès aujourd’hui, ce n’est pas grave. Fais-le à ton rythme et respecte-toi. Tu verras que quand tu iras mieux, la réponse se révélera d’elle-même. :)

Écrit par Ophélie Barbotte

Crédit photo : © Christin Hume / Unsplash

Le malade imaginaire

Le 30 janvier dernier, le ComMédia a eu la chance d’aller voir la première médiatique de la pièce Le malade imaginaire, présentée au Théâtre du Rideau-Vert du 28 janvier au 29 février. Cette pièce est inspirée des textes de l’ultime pièce écrite par Molière et mise en scène par Michel Monty.

 

Tout d’abord, il faut dire qu’à lui-seul, le jeu des acteurs vaut le détour! En effet, la distribution comporte beaucoup de talent. Il faut évidemment parler de Luc Guérin, jouant Argan, le fameux « malade », qui arrive à transmettre au public sa peur de la maladie et qui invoque la pitié du public en se montrant si fragile et, malheureusement, dupe. Ensuite, Patrice Coquereau et Frédérick Tremblay forment un magnifique duo père et fils médécins, répondant parfaitement au stéréotype du père ayant le parfait contrôle sur son fils et étant très autoritaire tandis que le fils est si effrayé par celui-ci qu’il a même du mal à s’exprimer. Il va sans dire que nous ne pouvons parler de la distribution sans parler de Benoit Mauffette qui se met dans la peau d’un notaire exécrable, mais aussi du frère du malade imaginaire. Ces deux personnages sont à l’opposé l’un de l’autre ; alors que le notaire est laid et hypocrite, le frère du malade est plutôt bienveillant. Or, le comédien arrive à nous faire croire que ces deux personnages existent et que ce sont des personnes différentes grâce à son jeu. Une autre comédienne mérite une mention spéciale, bien que toute la distribution soit excellente, puisque chacune de ses apparitions sur scène a pour effet que le public se tord de rire. Je parle ici d’Émilie Lajoie, qui joue Béline, l’épouse du malade imaginaire, et ainsi la belle-mère de la fille de ce dernier, Angélique, interprétée par Anne-Marie Binette. Ce personnage n’en veut définitivement qu’à l’argent de son époux et il faut mentionner que l’accent québécois datant du 20e siècle que la comédienne utilise est à se tordre de rire! Didier Lucien, Anne-Marie Binette, Violette Chauveau et Maxime Mompérousse font également partie de la distribution et sont tous très crédibles et ancrés dans leurs rôles respectifs. D’ailleurs, le spectateur assistant à la représentation ne peut que prendre conscience de la belle complicité qui unit toute la distribution et qui fait en sorte que les acteurs s’inspirent entre eux et rendent la pièce encore plus palpitante. 

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Par la suite, le travail de Michel Monty est également à souligner! Un spectateur n’ayant jamais lu Molière auparavant ne sera pas du tout en reste. La pièce a été adaptée au goût de jour et s’applique parfaitement à notre société d’aujourd’hui. Les dialogues ont donc été réécrits selon notre langage plus moderne et certains éléments de la pièce ont été bonifiés. La pièce était très légère, avec quelques références plus matures pour les spectateurs plus âgés, mais elle convient parfaitement à tous les âges! Le ton était très humoristique et je peux dire que je n’ai jamais passé plus de cinq minutes sans rire, parfois jusqu’aux larmes. 

 

Personnellement, j’ai particulièrement apprécié la mise en abyme à la toute fin de la pièce, alors que tous les acteurs se réunissent sur scène et lisent tous en chœur un extrait du livre Le malade imaginaire de Molière. Sans vous dévoiler la fin, pour ceux qui n’auraient pas lu Molière, disons seulement que la pièce se termine par une escalade qui nous tient en haleine jusqu’à la tombée du rideau! La touche finale rend hommage au livre de Molière, et c’était une belle attention de la part du metteur en scène.

 

Je ne peux rester objective après avoir passé un si beau moment en compagnie des personnages de Molière. Ainsi, la seule chose qu’il me reste à ajouter est que la pièce est présentée au Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 29 février et que vous n’avez qu’à visiter ce site https://www.rideauvert.qc.ca/piece/le-malade-imaginaire/ afin de vous procurez des billets.

Finale de la pièce

Finale de la pièce

Bonne soirée au théâtre à tous!

Article de Marie-Soleil Rochon

Présentation du « Prix Robert Vallée »


Par monsieur Jean-Philippe Doucet,

MONTRÉAL | Le vendredi 8 novembre dernier, le Rousseau-Royal de Laval-Montréal a profité de sa joute face à l’Intrépide de Gatineau pour présenter un nouveau prix qui sera attribué à un hockeyeur de l’organisation à la fin de la saison. La nouvelle mention portera le nom du « Prix Robert Vallée », en l’honneur du réputé photographe Robert Vallée et sera remise à la ʺ4e étoileʺ du Rousseau-Royal.

Dévoué, disponible, courageux et travaillant sont quelques descriptifs qualifiant bien l’homme honoré par le Rousseau-Royal de Laval-Montréal, Robert Vallée.

Œuvrant plus souvent qu’à son tour loin des projecteurs à titre de photographe, Robert Vallée est un homme très respecté autour de la Ligue de hockey midget AAA du Québec (LHMAAAQ), pour y avoir investi près de 42 ans de son parcours à immortaliser les jeunes hockeyeurs québécois.

Des centaines et des centaines de hockeyeurs québécois, dont Martin St-Louis, Roberto Luongo et plus récemment Alexis Lafrenière ont tous été, à un moment ou un autre, ciblés par la caméra de Robert Vallée, qui lui, en réalisait ensuite un chef-d’œuvre visuel.

La récompense qui portera le nom du photographe sera remis au travailleur le plus acharné de l’équipe. Celui qui fournit un effort constant et qui est indispensable au succès de l’équipe, sans nécessairement apparaître au tableau de pointage.

« C’est vraiment un sentiment spécial! C’est le premier trophée en mon nom, ça me touche beaucoup, surtout que ça provient de ʺvrais chumsʺ », souligne le photographe ému par la nomination faite par le Rousseau.

Le vétéran de la photographie ne s’en cache pas que de voir son nom associé au trophée de la 4e étoile est un sentiment particulier, d’autant plus que Martin St-Louis, un joueur qu’il connaît très bien, a reçu le même honneur au sein de la Ligue de hockey midget AAA du Québec.

« De pouvoir être reconnu comme l’a été Martin St-Louis auparavant, c’est très touchant pour moi », suggère Robert Vallée qui porte en très haute estime l’ancien numéro 26 du Lightning de Tampa Bay.

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Un homme fort apprécié à travers la ligue

Évidemment, au terme de ses 42 années à photographier la relève du hockey québécois, le principal intéressé a fait sourire bien des dirigeants à travers la ligue, dont Georges Marien, directeur général de la Ligue de hockey midget AAA du Québec, qui se dit très heureux de l’attribution de ce prix par l’organisation montréalaise.

« C’est une belle initiative de la part du Rousseau-Royal. C’est un honneur pleinement mérité pour un homme qui est un exemple pour tous. » - Georges Marien (DG de la ligue)

Au fil des dernières années, le photographe a malheureusement été ennuyé par des problèmes de santé, mais jamais ce dernier n’a baissé les bras et il est, encore à ce jour, un modèle de persévérance pour les gens de son entourage.

« Robert Vallée est un combattant de tous les instants avec les problèmes de santé qu’il a eu au cours des années récentes », affirme Georges Marien

Malgré les épreuves, Robert Vallée a gardé le sourire et a toujours été le premier à vouloir exercer son métier avec beaucoup de rigueur, chose qu’il fait depuis le jour 1 de son expérience à titre de photographe.

« On parle ici d’un homme pour qui le professionnalisme n’a jamais fait défaut », souligne Georges Marien.

Au nom du Rousseau-Royal, nous sommes fiers que cet honneur portera dorénavant le nom du « Prix Robert Vallée » et nous souhaitons la meilleure des chances à ce dernier dans sa plus récente lutte contre la maladie.

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Jeune intellectuel chevronné et philanthrope naturel, Jean-Philippe Doucet, aka jeune Doucet, recherche constamment de nouvelles vérités sur le monde qui l’entoure. Sa curiosité et son ardeur au travail le placent en excellente position dans la course au poste de rédacteur en chef du ComMédia à l’hiver 2020.

Annuler ou abandonner un cours?

Par Marie-Charlette Mfera

Je veux partager avec vous une situation qui m’est arrivée dernièrement et qui m’a fait réfléchir. Avant ce moment, je ne m’étais jamais posée certaines de ces questions, mais comme on dit, il suffit de vivre quelque chose pour obtenir une nouvelle perspective. Ne vous en faites pas, je ne vais pas garder le suspens plus longtemps ; la thématique qui a attiré mon attention est la date limite qu’on a pour annuler un cours. 

Dans le calendrier de l’Université, il est possible de voir deux termes qui veulent dire pratiquement la même chose, mais qui restent différents. On peut remarquer qu’il y a une date pour annuler et modifier un cours et une autre pour l’abandonner avec un astérisque à côté (ce symbole est très important, je tiens à le souligner).  

Grâce à cet astérisque, il est possible de comprendre que lorsqu’on abandonne un cours, c’est parce qu’on est conscient qu’on va enlever ce cours de notre horaire, que dans notre relevé scolaire ce cours va avoir une mention d’abandon et qu’on sera quand même responsable de payer le prix du cours en totalité. 

Jusqu’à présent, vous me suivez? Parfait, on continue! Je suis d’accord avec le fait que l’Université de Montréal applique dur comme fer certains de ses règlements ; sans eux il y aurait pas mal de chaos, mais je me questionne sur le temps qui nous est accordé pour procéder à l’annulation d’un cours. 

Prenons-en exemple ce trimestre, il a commencé le 3 septembre, cependant durant cette semaine ce ne sont pas de vrais cours qui ont été donnés. Je veux dire, la première semaine, les professeurs parlent du plan de cours et du déroulement des séances à venir. C’est vraiment à partir de la deuxième semaine qu’on plonge dans la matière et encore là j’ai l’impression que les étudiants reprennent tranquillement l’habitude d’être en classe après les vacances d’été. Ensuite arrive la semaine de délibération où on doit faire notre choix, à savoir si OUI ou NON on reste dans ce cours. Est-ce que je suis seule à avoir tout juste eu le temps de cligner des yeux, et « boum! », me retrouver à prendre cette décision?

Si vous n’avez jamais eu à annuler un cours, peut être que la date d’annulation des cours vous rend indifférent. Peut-être que si vous avez annulé votre cours dans la première semaine, si vous, vous vous êtes vite rendu compte que la matière ne vous intéressait pas ou que le style d’enseignement du professeur ne vous convenait pas, vous n’allez pas comprendre ce dilemme. En revanche, qu'advient-il à l’étudiant qui a trouvé la matière intéressante, qui a de la difficulté à comprendre le professeur, mais qui persévère, malgré tout, durant les premières semaines en posant des questions au professeur et en faisant ses lectures chaque semaine, dans le but, bien sûr, de comprendre le cours? N’a-t-il pas le droit d’épuiser toutes ses ressources avant de soulever son drapeau blanc, sans être pénalisé? 

Personnellement, je crois que le délai de trois semaines pour pouvoir annuler son cours sans payer les charges de celui-ci est peu. Je comprends que certaines personnes me diront l’argument suivant : « si tu annules le cours plus tôt, un autre étudiant peut avoir la chance de s’inscrire, et si tu annules après trois semaines, tu devrais payer la place que tu as occupé ». Pour répondre à cet argument, j’aimerais qu’on se place dans la mise en contexte. Je me dis que même si un étudiant annule son cours à la troisième semaine, il serait intéressant de connaître la fréquence à laquelle d’autres étudiants s’inscrivent à ce cours, en sachant qu’ils en ont déjà manqué deux autres qui seront matière à l’examen. Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas les statistiques, mais je pense que c’est assez rare. 

Honnêtement, je suis d’accord qu’après un certain temps il faille payer des frais d’annulation, mais pas le prix d’un cours au complet! La plupart de nous (les étudiants) n’avons pas un extra 300 $ à jeter par la fenêtre. À la suite du présent règlement de l’Université, je n’ai pas l’impression que ce système d’éducation est ajusté pour le besoin de l’étudiant, mais plutôt pour le système économique de l’Université. Je pense qu’il est important que l’Université encourage l’étudiant à réussir sa session, sans lui mettre de pression plus que nécessaire.

Qu’en dites-vous? Pensez-vous que trois semaines, c’est assez pour pouvoir annuler un cours, sans les frais supplémentaires? Est-ce qu’à la suite d’un abandon de cours on devrait payer le prix total de celui-ci, et ce, même si on en verra jamais la fin? 

Source de l’image
https://pixabay.com/fr/photos/remise-des-dipl%C3%B4mes-dipl%C3%B4me-1449488/?fbclid=IwAR2fcqEYWpySDx7PuUWOBj19XXKJBf_oqSS3emFv-M34CPAn_3zDJQ_shAY

Anti-héros superstar!  

Par Chanel Robin

Quand Marilyn Manson se révèle un hybride entre postmoderniste et post-humaniste et aide à comprendre certains concepts du cours COM1350 (Communication, cognition et émotions)

Vous en avez sûrement entendu davantage parler en mal qu’en bien (g​ore​, provocateur, voire même incitateur à la violence), mais Marilyn Manson est, selon moi, un artiste de performance dont la démarche mérite d’être analysée plus en profondeur. Ce musicien américain de métal industriel, connu entre autres pour avoir popularisé et revisité à sa manière des succès comme ​Sweet Dreams (Are Made of This), Personal Jesus et Tainted Love​, a aussi écrit plusieurs albums-concepts qui expriment une féroce désillusion face aux promesses de notre société actuelle postmoderne. On peut aimer son style ou non, mais il nous fait comprendre par sa grotesque critique de la société nord-américaine qu’il n'est pas différent de nous, au fond.  

Marilyn Manson, avant d’être musicien, était journaliste. Cela lui a permis de s’immiscer dans le monde artistique tout en gardant l’œil ouvert sur les bons et les moins bons côtés de l’industrie et son influence sur la société. Comme lui, en tant qu’étudiant.e.s en communications, nous sommes plongé.e.s dans une prise de conscience privilégiée des conséquences des médias dans nos vies. Ces derniers sont à la base de notre société postmoderne, nous rendant inactifs devant ce bombardement incessant d’images et d’informations. Analysons avec lui où nous en sommes rendus en tant que société. 

Avant de commencer, voici une petite mise en contexte : après la modernité, les changements technologiques ont modifié radicalement toutes les sphères de l’existence humaine, mais aussi notre vision du monde. Nous voilà en pleine postmodernité.​ On délaisse la binarité (bon-mauvais ; moi-l’autre ; homme-femme) pour un mélange des styles, des genres, un métissage culturel qu’on appelle hybridité​ .​ Avec la technologie qui s’immisce même jusque dans le corps humain, il y a un autre ​après qui nous attend : le post-humanisme​.  

Ci-dessous : La couverture de l’album ​Mechanical Animals sorti en 1998. On peut déjà y observer l’hybridité du genre (ni homme ni femme, plutôt agenre), mais aussi l’humanoïde, (homme-clône). Voici un bref aperçu des notions de post-humanisme et d’…

Ci-dessous : La couverture de l’album ​Mechanical Animals sorti en 1998. On peut déjà y observer l’hybridité du genre (ni homme ni femme, plutôt agenre), mais aussi l’humanoïde, (homme-clône). Voici un bref aperçu des notions de post-humanisme et d’hybridité. (Source de l’image : Wikipédia)

« Les personnages postmodernistes semblent souvent ne pas savoir très bien dans quel monde ils se trouvent et comment ils doivent agir », nous dit David Harvey (Balutet, 2016, p.7). Omega, l’alter ego de Marilyn Manson, en est un parfait exemple. Ce cher extraterrestre, vedette de glam rock ​débarqué sur Terre en 1998, se raconte à travers les 14 chansons de l’album Mechanical Animals. Si vous et moi pouvons parfois nous sentir perdus dans ce monde, imaginez Omega. Vite influencé par le mode vie américain, le protagoniste se sent rapidement perdu et sa santé mentale en est atteinte. 

Toutes les chansons décrivent ce sentiment d’absurdité et de flou existentiel. Et c’est surtout là-dessus que l’artiste insiste dans ses textes : il veut fuir ce mal-être. 

La chanson la plus iconique pour le démontrer : I Don’t Like The Drugs, But The Drugs Like Me​. Quelle drogue exactement ? Ce n’est pas précisé, car le mot « drogue » doit être compris à un sens plus large, englobant à la fois le bigotisme religieux, le divertissement de masse à la télévision ou la surconsommation, des addictions sur lesquelles la société se raccroche pour faire taire les angoisses. S’en dégage une sorte de fatalité, présente même dans le titre de la chanson : c’est comme si tôt ou tard, même s’il n’aime pas ce monde postmoderne, le protagoniste y succombera parce que la religion fait tout pour garder ses fidèles. Les compagnies misent sur la publicité pour attirer ses consommateurs, idem pour la télévision qui veut que ses téléspectateurs restent à l’écoute. Parce que l’addiction a besoin de ses accros pour perdurer. 

Le fait d’être un post-humain pour lequel le genre n'a même plus d'importance aurait pu nous faire penser que cela rend Omega plus libre, puisque l’idée de l’homme-machine se veut une amélioration des capacités humaines, mais la chanson New Model no. 15 renchérit dans la perte d’espoir en nous faisant réaliser que sa caractéristique originale n’est que superficielle et lui fait même perdre son individualité : « I’m as fake as a wedding cake […] Pitifully predictable, correctly political. » ​Sa vie de vedette ​glam rock​, en prenant le dessus sur sa vision objective monde (car extra-terrestre), ne fait que représenter « son vide intérieur » grandissant (Mallier, 2016, p. 26).

S’ajoutent à ces réalisations anxiogènes le fait qu’en participant à la société de consommation de masse, il réalise qu'il prend part malgré lui à la destruction du monde, autant des relations entre humains que de la planète en tant que telle : « Relationships are such a bore / Delete the one that you’ve f*cked» ​(User Friendly​). En 1998, les réseaux sociaux étaient loin d’être aussi développés : cette phrase se révèle prémonitoire et résonne d’autant plus en 2019 alors que nos relations virtuelles sont souvent basées sur l’immédiateté et établies à distance par l’intermédiaire de nos écrans. Une autre caractéristique du postmodernisme, ces temps et espace. 

 Pour terminer ce survol de l’album, l’avant-dernière chanson The Last Day On Earth nous laisse sur un bémol, alors qu’Omega devient un témoin passif et impuissant devant la destruction de la planète. Cela n’est pas sans rappeler l’écoanxiété que la récente grève pour le climat a dénoncé en trombe. 

 … 

Le temps ne veut rien dire, on parle d’instantanéité. Les distances, franchissables par un portail appelé écran. Plus de vérité, il faut l’investiguer, la questionner, la discuter, car le faux parvient parfois à se mêler au vrai avec une illusion assez surprenante. Non, ceci n’est pas le synopsis d’un film de science-fiction. C’est simplement notre époque : la postmodernité. Il y a de quoi se sentir dépassé, éparpillé, de ne pas être si original que ça, d'avoir tout pour fonctionner, mais… Il y a toujours un ​mais​... Les chers êtres postmodernes que nous sommes sont en proie à des remises en question incessantes, que ce soit sur notre identité ou notre relation avec le monde. Une sorte d'anxiété générale qui joue en trame de fond (qui devient parfois plus assourdissante) de nos vies. Malgré tout, « ça va aller », comme nous dit l'UdeM*. Il le faut bien.  

  

(Si cela vous intéresse, je me suis amusée l’année dernière à faire une première réflexion sur l’impact de la technologie dans notre société, mais avec le point de vue d’Alex Turner dans le plus récent album de son groupe Arctic Monkeys, ​Tranquility Base Hotel and Casino​ :

https://lebookdescrap.home.blog/?fbclid=IwAR2V9GT7xFr0K1FsrATWouFnPhaGiBAvyvQd3huMCci_ DFIZV9Rtel4HNps​) 

Références :

(Pour de plus de détails sur la postmodernité, le posthumanisme et l’hybridité): 

Balutet, N. (2016) Du postmodernisme au post-humanisme : présent et futur du concept d’hybridité. ​Babel​, 33, DOI: 10.4000/babel.4391 

(Une superbe analyse de trois albums phares de Marilyn Manson connus sous le nom de « trilogie inversée ») : 

Mallier, C. (2010). Marilyn Manson, antéchrist superstar. ​Revue française d’études américaines​, 125(3), 85-100. doi:10.3917/rfea.125.0085. 

  *Lien pour la campagne ​Ça va aller ​de l’UdeM:​ https://www.cavaaller.ca/

27 septembre : Une journée importante pour le climat

Par Marie-Soleil Rochon

C’est le 27 septembre prochain qu’aura lieu la manifestation pour le climat dans les rues de Montréal. Mais c’est aussi à cette date qu’aura lieu la finale du défi AquaHacking, une compétition dans laquelle six équipes finalistes devaient développer des solutions technologiques pour résoudre les problèmes reliés à la pollution de l’eau douce. Cet événement s’inscrit dans la démarche pour faire réfléchir nos décideurs politiques sur les conséquences des changements climatiques. La date de la finale de ce défi concorde parfaitement avec la marche pour le climat à laquelle Greta Thunberg, initiatrice de ces mouvements partout à travers le monde, participera.

 

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Greta Thunberg est une militante suédoise pour la lutte contre le climat. Déjà, à l’âge de 15 ans, elle protestait devant le Parlement suédois contre l’inaction face aux changements climatiques. Elle est à l’origine de plusieurs grèves scolaires pour le climat partout dans le monde, dont une qui a eu lieu le 15 septembre dernier, à Montréal, et à laquelle plusieurs associations d’écoles secondaires, de cégeps et d’universités ont participé. Plusieurs associations de l’Université de Montréal étaient d’ailleurs présentes lors de cette journée importante. Depuis le 15 mars dernier, Greta Thunberg continue d’entreprendre des démarches afin de sensibiliser les communautés de partout à travers le monde aux changements climatiques et à l’urgence d’agir. Elle a d’ailleurs été proposée pour le prix Nobel de la paix 2019.  Le député norvégien ayant soumis sa candidature a mentionné que « Greta Thunberg a lancé un mouvement de masse dans lequel [il voit], peut-être, la principale contribution à la paix. » (Le Devoir, 2019)

 

La prochaine manifestation pour le climat aura lieu le 27 septembre prochain et il a été confirmé que la jeune Greta Thunberg sera des nôtres. D’ailleurs, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, recevra la jeune suédoise lors de la manifestation afin de lui remettre les clés de la ville. La manifestation citoyenne et étudiante pour le climat débutera dès midi au monument George-Étienne Cartier sur le Mont-Royal.

 

Le défi AquaHacking, pour sa part, est l’une des compétitions technologiques les plus intenses au Canada. Depuis le mois de juin, six équipes mettent tout en œuvre pour développer leurs recherches afin de contrer la pollution de l’eau douce. AquaHacking est un événement qui, en plus de promouvoir de nouvelles technologies pour contrer la pollution de l’eau, se veut rassembleur pour tous les jeunes et moins jeunes sensibles aux enjeux environnementaux. 

Les six équipes finalistes présenteront leurs projets le 27 septembre, au Grand Quai du Port de Montréal, dès 14h30. La finale d’AquaHacking sera clôturée par les prestations de Koriass et de DJ Manifest dès 19h30.

 

Si vous souhaitez vous impliquer dans les questions environnementales qui touchent notre société, le 27 septembre est LA journée pour vous impliquer!

Venez marcher avec nous en grand nombre et venez assister au dévoilement de nouvelles technologies pour réduire la pollution.

Être Asperger et étudier à l'université - Les statistiques, les défis et les bons coups

Par Jérémie Bellefleur

C’est parti, ça y est, une nouvelle année universitaire qui s’installe tranquillement. Un peu trop vite pour certains, peut-être, mais revoir des visages familiers, ça remonte souvent le moral. Lors de ma première soirée avec les autres étudiants du programme, il y avait ce visage, inconnu pourtant, qui faisait rire, comblait les silences, parlait à tout le monde… sans gêne véritable. Il s’insérait bien, et personne ne semblait vraiment le connaître. Quelle ne fut pas ma surprise quand il lâcha tout d’un coup, entre deux phrases, qu’il était diagnostiqué d’un trouble de l’autisme! En deuxième année en mathématiques! J’étais impressionné. 

Au Québec, en 2018, il y avait 14 652 étudiants inscrits à l’université qui étaient considérés en « situation de handicap ». La majorité d’entre eux, à 36 %, étaient diagnostiqués d’un déficit de l’attention. Venaient ensuite, à 16 %, les problèmes de santé mentale, particulièrement mis de l’avant ces derniers temps par diverses campagnes dont vous connaissez déjà les slogans. Un total de 13 %, parmi eux, présentaient une difficulté d’apprentissage, alors que les autres se voyaient surtout accaparés par des handicaps d’ordre physique. En outre, 146 personnes autistes suivaient des cours aux universités du Québec ; l’équivalent d’un pourcentage de la somme des 14 652. Mon nouvel ami en faisait partie. 

Cet ami, que j’espère revoir en vérité, vit avec le syndrome d’Asperger ; une branche de l’autisme qui exclut la déficience intellectuelle. Les gens Asperger sont généralement associées à une difficulté à interagir socialement, en particulier sur le plan des émotions. Ils ont régulièrement du mal à saisir les nuances du langage, tel que le sarcasme, ou à traiter certaines formes de communication. Et pourtant, il était là, mon camarade, en train de socialiser à la fin d’une bonne journée de cours. Cela ne serait peut-être pas arrivé si j’avais étudié il y a 11 ans : les étudiants en « situation de handicap », les 14 652, étaient dix fois moins nombreux en 2008. Cette hausse significative s’explique en partie par l'accroissement de la population, mais surtout grâce aux avancés scientifiques permettant de repérer et de diagnostiquer les enfants en bas âge, puis de les épauler tout au long du primaire et du secondaire (oui, oui, la fameuse maternelle quatre ans).

Malheureusement, c’est là que se trouve le hic, car après le secondaire le soutien se fait moins présent, du moins en termes de ressources humaines et monétaires. Le gouvernement investit 2 milliards par année aux niveaux primaire et secondaire afin de répondre à ce genre de besoins. Le budget accordé aux établissements postsecondaires, par contre, ne suit pas le même rythme, et plusieurs de ces milieux réclament davantage de fonds pour opérer leurs services. 

En fait, la réussite d’un élève Asperger dépend surtout des services mis à sa disposition. Il peut réussir à l’école aussi bien que n’importe quel élève, même mieux encore, puisque l’intelligence serait parfois supérieure chez les personnes Asperger. Seulement, la réussite scolaire dépend plutôt de tout un tas de facteurs comme l’organisation, la prise de notes, la gestion du temps, etc. Les enseignants ne sont pas formés, généralement, pour répondre à ce défi. Il leur faut être équitable auprès de tous et il n’est pas exclu que les autres étudiants soient embarrassés ou dérangés par certaines situations. Au final, il s’agit de cas par cas, de la nécessité d’une aide spécialisée avec à son appuie de l’argent et du personnel qualifié. 

Heureusement, les universités ont adopté des politiques de « soutien aux étudiants en situation de handicap » ; le SESH, ici, à l’UdeM, qui prend en charge ces services. Il y a des bourses à gagner, des accommodements aux examens, des prises de rendez-vous, des conférences en ligne pour former les enseignants, etc. Il y a même le Guide d’accompagnement des étudiants en situation de handicap en contexte de stage : Travaillez ensemble pour leur réussite. Ce dernier est important car le secteur professionnel constitue un défi supplémentaire. Tout de même, leurs capacités sont de plus en plus reconnues par les employeurs. Ils décrochent de plus en plus de diplômes. Je ne suis pas trop inquiet pour cet ami d’un soir. J’ai même d’excellentes chances de le revoir.

PS : Même Greta Thunberg est Asperger! ;)

Références :

http://quartierlibre.ca/autiste-et-etudiant/

https://www.lesoleil.com/actualite/education/troubles-dapprentissage-le-sujet-de-lheure-au-cegep-c56671d6d5980674f666f1a01278fb1d

http://www.bsesh.umontreal.ca

https://www.ledevoir.com/societe/education/522005/enseignement-superieur-explosion-du-nombre-d-etudiants-en-difficulte

https://www.erudit.org/en/journals/ef/2016-v44-n1-ef02469/1036169ar.pdf

https://www.journaldemontreal.com/2017/04/15/miser-sur-les-autistes-pour-performer




L'intelligence artificielle à Montréal - Entrevue avec un chercheur du MILA

L’intelligence artificielle à Montréal

Montréal semblerait devenir le pôle de la révolution de l’intelligence artificielle. En 2017, plus d’un milliard de dollars ont été investis dans ce secteur de développement technologique. Ce qu’on y fait aura, dans quelques années, une influence importante sur le quotidien de millions de personnes à travers le monde. C’est donc à Montréal que se prépare l’avenir des technologies.

Dmitriy Serdyuk est doctorant à MILA (Montreal Institut of Learning Algorithms) et assistant de recherche à Element AI, qui se spécialise dans les produits de l’intelligence artificielle afin d’accélérer la transformation numérique des moyennes et grandes entreprises dans les secteurs de la fiance, l’assurance et la logistique du transport. Les deux dernières recherches de ce spécialiste sont un ajout important au développement de la technologie des commandes vocales et de l’anticipation du futur par les logiciels intelligents. Selon lui, peut-être d’ici 50 ans, nous pourrions nous attendre à avoir une intelligence artificielle très développée qui pourra sûrement rivaliser avec le cerveau humain.

Notez que cette entrevue présente l’opinion personnelle de Dmitriy Serdyuk et non le point de vue de Element AI et de MILA.

Qu’est-ce que Montréal a pour l’industrie de l’intelligence artificielle que les autres villes n’ont pas ?

Montréal a un écosystème où l’on retrouve beaucoup de professeurs et d’étudiants. Aussi, il y a les laboratoires de recherche de Montréal qui se dédient à l’apprentissage automatique, et l’autre point important est que l’écosystème de Montréal est ouvert aux discussions. Ainsi, les chercheurs et les représentants de plusieurs industries se rencontrent fréquemment dans des colloques, des symposiums, comme ce fut le cas de la conférence NIPS 2018 à Montréal, en décembre dernier. Donc, il y a une interconnectivité qui nous rassemble à Montréal.

Après votre dernier article Towars End-to-end Spoken Language Understanding, pourriez-vous l’expliquer en détail ?

Mon dernier article est Towars End-to-end Spoken Language Understanding qui explore l’idée de combiner deux différentes étapes pour la compréhension du langage. Alors, quand nous demandons quelque chose à Google Assistance sur notre téléphone, par exemple : « Ok Google, ouvre Spotify », le dispositif écrit ce que vous dites sur votre écran et, par la suite, essaye de décoder le texte pour ensuite réaliser la commande. J’ai donc essayé de combiner et de simplifier la procédure, et l’une des raisons principales est que lorsque vous avez une procédure multiple, des erreurs peuvent survenir à chaque étape et s’accumuler. Par exemple : vous lui demander d’ouvrir une page Spotify, mais en le retranscrivant il comprend autre chose, et ouvre une page YouTube. Ce dernier travail de recherche vient simplifier le tout en éliminant une étape, soit l’écriture de la commande. Donc, Google Assistance, par exemple, écoutera et agira plus rapidement sans avoir à retranscrire ce qui est dit.

Comment est-ce que vos recherches s’appliquent-elles dans la vie de tous les jours?

C’est utile pour l’assistance automatique et la transcription de texte. Par exemple, quand quelqu’un fait une entrevue, vous avez alors besoin de la retranscrire à la main, alors que vous pourriez utiliser le système de reconnaissance de texte qui sera en mesure de tout retranscrire automatiquement. Le but ultime serait d’avoir une assistance intelligente qui serait capable d’interagir avec les gens.

Quels sont les différents domaines étudiés au MILA ?

Il y a des domaines tels que la vision, l’apprentissage par renforcement, les études sur la formation de logiciel dans l’environnement de l’intelligence artificielle et l’imagerie médicale. Aussi, il y a un peu de recherche sur la robotique, la langue naturelle qui inclut la traduction automatique, ainsi que la synthèse ou le résumé rapide de texte, et c’est pas mal tout.

Avec toutes ces recherches pour le développement des technologies propulsées par l’intelligence artificielle, y a-t-il des domaines moins étudiés ou même délaissés par les chercheurs par simple manque de popularité ?

Je dirais que mon domaine d’expertise, l’audio, est le domaine le moins populaire, comparé à d’autres comme la vision ou le traitement du langage naturel. C’est comme une « tendance mode » qui revient et s’en va, parce que c’était populaire en 2012, et, maintenant, sa popularité est très en baisse. Donc, probablement que dans l’avenir sa popularité va augmenter. Le domaine le plus populaire, en ce moment, est peut-être la vision, qui permet à l’intelligence de comprendre ce qui peut être dessiné ou écrit.

La start up Lyrebird qui est spécialisée dans la copie de voix de gens a lancé une publicité incroyable où elle a copié la voix de Barack Obama pour lui faire dire ce qu’elle voulait dans une courte vidéo. Expliquez-moi les aspects positifs et aussi négatifs de la création de ce genre de dispositifs vocaux ?

N’importe qui pourrait faire la même chose chez soi avec beaucoup de calculs et un peu de travail d’ingénierie. Cependant, vous devez avoir de l’argent pour ça, et des compétences, mais c’est possible. Il faut montrer au public que c’est possible parce que c’est déjà arrivé. Lorsque les gens ont compris qu’on peut modifier des photos avec Photoshop, ils sont devenus plus conscients des fausses photos, comme ils le seront avec des fausses voix.

Ces nouvelles technologies sont-elles les nouveaux esclaves du futur ?

Je pense que nous sommes encore très loin d’avoir une intelligence artificielle forte. Donc, il y a une catégorisation qui définit l’intelligence artificielle forte et faible. Par exemple, une intelligence artificielle faible va résoudre une tâche particulière et avoir une très bonne note, et ce, dans un contexte où le logiciel serait en mesure de faire un travail spécifique comme retranscrire un texte, traduire, reconnaitre des visages ou reconnaitre des voix. Malgré son expertise, il ne peut pas penser comme un humain et s’adapter rapidement à d’autres environnements que celle lui ayant été inculquée. En ce moment, des chercheurs tentent d’apprendre à ce logiciel à s’adapter aux divers environnements. Par exemple, les humains peuvent apprendre dans une classe et appliquer leurs connaissances dans d’autres milieux de leur quotidien, comme lorsqu’ils écrivent à l’extérieur de ce qui est demandé par l’école. Pour le moment, nous avons un logiciel faible. Dans le cas que tu soulèves, tu parles d’une intelligence artificielle forte, comme ce que l’on peut voir dans le film de science-fiction Terminator. Un logiciel pouvant agir, comprendre et exécuter des tâches comme le feraient des humains arrivera peut-être d’ici 50 ans. Je pense que nous avons du temps pour nous adapter.

À quoi devons-nous attendre dans les prochaines années pour l’intelligence artificielle ?

Je pense que dans deux ans, la prochaine étape de l’intelligence artificielle sera de comprendre les causes et effets de différentes actions, parce que, maintenant, nous pensons fortement que le système ne les distingue pas. Une autre étape serait de faire apprendre et agir le logiciel dans l’environnement. Par exemple, il serait possible de faire de simples robots qui seraient en mesure d’apporter votre bière ou votre café. Donc, cela implique l’apprentissage de la navigation dans la pièce, la manipulation simple d’objets de tous les jours et la compréhension de commentaires simples. Ces trois tâches ne sont pas parfaites encore, et nous devons travailler à pouvoir les combiner d’une bonne manière.


par Jeanne Brière, rédactrice du ComMédia

Les fascinants attraits des partis d’opposition au Québec

Les fascinants attraits des partis d’opposition au Québec

Par Anaïs Pijet Villeneuve, rédactrice du ComMédia

Le Québec est une province canadienne fascinante au niveau des partis politiques provinciaux. Je vous explique.

Les partis d’opposition et le Parti libéral

On est en 1867, l’année de naissance de la Confédération canadienne. Les Pères de la Confédération se sont entendus pour que le Canada soit une fédération formée des colonies de l’Amérique du Nord britannique. C’est ainsi que quatre provinces se sont unies : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, le Québec et l’Ontario. Chacune aurait deux paliers de gouvernement, une au fédéral et une au provincial. John A. Macdonald, le premier premier ministre du Canada, et l’un des Pères de la Confédération, était contre cette idée. Le fédéralisme était un énorme compromis de sa part car il désirait un état unitaire.. Mais Macdonald, Il est smat, comme disait ma grand-mère. Oui, il a accepté la fédération, mais il a pris des mesures pour rendre le Canada très centralisateur. Que ce soit avec la Constitution, la Loi de 1867, ou encore avec les partis provinciaux.

John A. Macdonald sur un ancien billet de 10$

John A. Macdonald sur un ancien billet de 10$

À la naissance de la Confédération canadienne, il y avait deux partis principaux au fédéral. Le Parti libéral et le Parti conservateur, partis qui ont encore toute leur importance aujourd’hui. Les partis provinciaux étaient des extensions de ces partis fédéraux. Si vous vous penchez un peu sur les autres provinces, vous verrez que les « Partis libéraux » et les « Partis conservateurs » sont des partis provinciaux qui existent encore.
Vous serez peut-être surpris, mais le Québec a eu son propre Parti conservateur au provincial. Celui-ci a été démantelé en 1935 avec la crise de la conscription. Le Québec a aussi son Parti libéral provincial (PLQ) qui existe encore aujourd’hui.

En 1955, le Parti libéral du Canada et celui du Québec se sont séparés comme deux entités distinctes. Le PLQ, c’est le parti qui rendait jusqu’à tout récemment la politique québécoise aussi fascinante. Tous les partis d’opposition découlent du Parti libéral, comme le prouve ce magnifique schéma venant de Wikipédia.


Schéma des partis politiques du Québec et leurs liens.

On pourra noter que certains partis tels que l’Union national ou la Coalition avenir Québec ne découlent pas directement du Parti libéral. Toutefois, ils sont respectivement le fruit de l’Action libérale nationale et de l’Action démocratique du Québec (ADQ), deux partis qui découlent du Parti libéral. Reste que ce lien avec le Parti libéral, de partis d’opposition tels que l’Union nationale, l’ADQ ou le PQ, m’a un peu surprise. Normalement, ils aiment bien se haïr.

Qui m’a dispensé cet enseignement fascinant quant à la politique provinciale québécoise? La réponse risque de vous surprendre. C’est Tom Mulcaire. Il était invité à un cours de politique canadienne et québécoise à l'UdeM (Pol1020). Il répondait à une question d’un étudiant : « Pourquoi aller au PLQ, qui est de droite au provincial, et devenir chef du NPD, un parti de gauche au fédéral? ».

Il faut l’admettre, c’est une question super pertinente. Et sa réponse m’a fait remuer les méninges : « Tous les partis d’opposition au Québec viennent du PLQ. Celui du moment est le Parti Québécois, qui est souverainiste : chose que je ne suis pas. ». Il a par la suite énuméré tous ces partis d’opposition et leurs chefs qui étaient d'anciens membres du Parti libéral. Néanmoins, on doit tout de même admettre que Québec solidaire, et jusqu'à un certain point la Coalition avenir Québec, ne sont pas issus directement du PLQ.

Des partis générationnels 

Je me suis un peu penché sur ce sujet; les partis d’opposition au Québec. Outre le fait qu’ils sont le produit d’ex-libéraux déchus, ces partis ont une autre caractéristique digne de mention : ce sont des partis générationnels; des partis répondant à une problématique générationnelle et qui disparaît avec cette génération.

Les politologues Valérie-Anne Mahéo et Éric Bélanger relèvent cette dynamique générationnelle au Parti Québécois et à Québec solidaire dans l’une de leurs recherches. Selon eux, QS est à notre génération (les milléniaux), ce qu’est le Parti Québecois aux Baby boomers. Puisque les Baby boomers sont de moins en moins la génération la plus active, cela va de même pour leur parti (voir tableau). Le plus récent débat à l’intérieur du PQ porte sur le ratio de délégués en bas de 40 ans qu’il doit y avoir pour leurs congrès de novembre. C’est la preuve qu’il y a un réel débat générationnel à l’intérieur du PQ.

Votes selon les générations pour les élections provinciales de 2014 selon l’étude de Mahéo et Bélanger.

Québec solidaire, c’est le parti des jeunes. Le Directeur général des élections du Québec a fait une simulation électorale auprès de 819 écoles de la province en 2018. Résultat : Québec solidaire a un gouvernement minoritaire. 
Mais au risque de faire l'avocat du diable, c’est seulement 26% des votes totaux pour la simulation, ça reste peu. Jean-François Lisée disait qu’il faut viser les 35% pour être majoritaire. On en est loin. De plus, pour reprendre les mots de George Bernard Shaw : « Celui qui n’est pas communiste à vingt ans n’a pas de cœur; celui qui l’est encore à quarante ans n’a pas de tête ». Jusqu’à quel point cela est vrai? Les 26% voteront-ils encore pour QS à quarante ans?

QS et la CAQ : des partis générationnels qui ne viennent pas des libéraux

Un dernier point sur lequel j’aimerais revenir est le fait que QS, et d’une certaine manière la CAQ, sont des exceptions quant au fait qu’ils ne proviennent pas du Parti libéral du Québec. La CAQ a été fondée par un ancien ministre péquiste, François Legault. QS est né de la convergence de l’Union des forces progressistes. En gros, c’est le fruit des courants socialistes au Québec qui n'a aucun lien avec le PLQ.

On peut se poser des questions sur ce que cela signifie. La CAQ et QS sont respectivement le parti majoritaire au pouvoir et la deuxième opposition officielle. Pour la première fois de l’histoire du Québec on a des partis qui ne proviennent techniquement pas du PLQ. Qu’est-ce que ce changement veut dire pour la politique québécoise? Est-ce un signe de changement politique important? Au risque de paraître un peu clichée : seul l’avenir nous le dira! Plus précisément, les prochaines élections provinciales.

On sait qu’à celles de 2018, le Parti libéral, avec 24% des votes, a obtenu le score le plus bas de son histoire. Québec solidaire a, au contraire, eu le plus haut score de son histoire en atteignant les 16%. Mais les sondages ne leur donnent jamais plus que 15%-20% d’intentions de vote. Réussiront-ils à aller au-delà de ce chiffre? Qu’adviendra-t-il de la CAQ? Restera-t-elle majoritaire? Et si elle perd, ce sera au détriment de quel parti? Et le PQ, c’est fini? Ou ils vont renaître de leurs cendres comme le prétend Jean-François Lisée dans son nouveau livre?

Je pense honnêtement qu’on est dans une nouvelle phase politique au Québec. Et comme toute phase politique, cela va redéfinir le Québec. On est plus vraiment dans un bipartisme (PQ vs PLQ), mais un tripartisme, voire un quadripartisme. L’écologie est un enjeu important comme jamais…
Bref, c’est un moment très excitant.

A.P. Villeneuve

BIBLIOGRAPHIE

Les partis d’opposition et le parti libéral

Pour en savoir plus :
Réjean Pelletier et Manon Tremblay, Le parlementarisme canadien, 6e édition, Presses de l’Université Laval, 2017. – Chapitre 1

Images – billet de 10$ avec Macdonald :
https://www.banqueducanada.ca/billets/series-de-billets-de-banque/frontieres/billet-en-polymere-coupure-de-10/

Schéma du lien entre les partis d’opposition et le Parti Libéral :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_politique_du_Qu%C3%A9bec


Des partis générationnels :

Étude de Valérie-Anne Mahéo et Éric Bélanger :
Is the Parti Québécois Bound to Disappear? A Study of the Current Generational Dynamics of Electoral Behaviour in Quebec.
Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique 51:2 (June / juin 2018) 335–356
Votes selon les générations pour les élections provinciales de 2014 : schéma p. 12

Simulation électorale 2018 :
https://www.journaldemontreal.com/2018/10/03/les-jeunes-auraient-elu-quebec-solidaire

Jean-françois Lisée viser 35%:
Qui veut la peau du Parti Québécois? Édition la Boite à Lisée, 2019, p.17

Citation George Bernard Shaw :
https://citations.ouest-france.fr/citation-george-bernard-shaw/celui-communiste-vingt-ans-coeur-107699.html


QS et la CAQ; des partis générationnels qui ne viennent pas des libéraux

François Legault ex-Péquiste :
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/biographies/1190.html

QS né de la convergence de l’Union des Forces progressistes :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/294290/quebec-solidaire

Le PLQ a 24% aux élections 2018 :
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/538387/les-liberaux-constatent-les-degats

QS coincé à 15% d’intentions de vote :
https://www.journaldemontreal.com/2019/03/16/les-vieux-partis-seffondrent

Le livre de Jean-François Lisée :
Qui veut la peau du Parti Québécois? Édition la Boite à Lisée, 2019, (voir p. 216)

L’enjeu de l’écologie aux élections 2018 :
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/534870/elections-2018-une-election-charniere



François Legault avait un ami qui s’appelait Éducation / Analyse

Radio-Canada l’annonçait il y a tout juste une semaine : jusqu’à 40% des enseignants de la Commission scolaire de Laval (CSDL) n’ont pas de suppléant. Alors qu’il se situait d’abord au centre du renouveau promis par la Coalition Avenir Québec ( CAQ ), le secteur de l’éducation pourrait très bien finir par trahir les intérêts du parti.


Le directeur de l’école primaire Saint-Norbert, à Laval, Frédéric Girard, rapportait ces propos, lundi dernier : « Toutes les semaines, c’est quand même fréquent. C'est préoccupant quand on arrive le matin. Il manque deux, trois ou quatre personnes. Hier, il manquait deux enseignantes dans leur classe ». À la CSDL, ce sont 1635 cas d’enseignants sans remplaçants qui sont survenus durant l’année scolaire actuelle. Le seuil minimal précédent de 30 crédits a même été abaissé à 15, afin d’attirer davantage de suppléants. L’enjeu, c’est que le problème ne concerne pas que Laval : l’ensemble des écoles primaires du Québec manque de main-d’œuvre. Peu de gens s’orientent vers ce domaine à l’université et une personne sur quatre quitte le métier durant les sept premières années en poste. Les enseignants actuels sont surchargés de travail (en remplaçant eux-mêmes leurs collègues), et cette situation les pousse justement à éviter à leur tour toute absence que ce soit, même justifiée.

C’est pourtant dans ces écoles primaires que François Legault veut instaurer la maternelle quatre ans, sur l’ensemble du territoire québécois. Durant la dernière campagne électorale, il en faisait l’une de ses promesses phares, jusqu’à dire qu’il démissionnerait advenant qu’elle ne soit pas respectée. Il n’y a pas plus tard qu’un mois, divers organisations et partis politiques de l’Assemblée nationale exhortaient le gouvernement à se rétracter. Selon le Conseil québécois des services éducatifs de la petite enfance (CQSEPE) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), les services de garde éducatifs remplissent déjà tous les besoins des enfants de quatre ans. François Legault a comme objectif de repérer les troubles d’apprentissages le plus tôt possible. Mais pour Francine Lessard, directrice du CQSEPE, les services de garde éducatifs répondent à cette même mission, ce qui fait paraître la maternelle quatre ans inutile : « On fait du dépistage précoce une réalité quotidienne dans les services éducatifs. Il y a de l'observation qui est faite tous les jours, il y a des contacts avec les parents tous les jours ». Les partis d'opposition dénoncent essentiellement un projet qui n’est pas faisable, d’après eux, et qui manque de réalisme… Ils assurent le gouvernement qu’ils ne l’attaqueraient pas pour avoir renoncé à cette promesse.

Ce que ce regroupement d’organisations et de partis visait n’était pas tant de voir le gouvernement tout laisser tomber, que d’encourager une plus grande ouverture aux débats et aux consultations avec les travailleurs du secteur. Jusqu’à maintenant, Legault est resté cambré sur sa position.

Le ministère de l’Éducation au Québec est loin d’être une mince affaire. L’unanimité y est rare, beaucoup de désaccords s’y succèdent ou surviennent en même temps. Depuis 1960, en plein cœur de la Révolution tranquille, les mouvements étudiants québécois se sont fait entendre. Leurs revendications ont surtout attrait à l’accès à l’éducation, aux droits de scolarité, au régime des prêts et bourses et à la gratuité scolaire. Des mouvements importants ont eu lieu en 1968, 1974, 1978, 1986, 1988, 1990, 1996 et en 2005. En 2008, une rumeur persistait déjà depuis quelques années, soit que la réforme grammaticale qu'apprenaient les enfants à l’école facilitait trop l’apprentissage de la langue, que l’éducation québécoise du système public était de moindre qualité. Bon nombre de parents optaient ainsi pour le réseau privé lorsque leurs enfants commençaient le secondaire. En 2012, la grève étudiante a bien sûr marqué les esprits. Le mouvement a finalement atteint son objectif en bloquant la hausse des faits de scolarités à la hauteur de 1465 $, en date de l’année 2017. Quoi qu’il en soit, cette grève a aussi pris les formes d’une critique acerbe du gouvernement Charest, et a été un enjeu électoral important de 2012 au provincial. Pauline Marois, qui a remporté ces élections, a participé aux manifestations étudiantes (une image d’elle, en train de frapper des casseroles, est vite devenue populaire). Elle-même, et plusieurs personnalités québécoises ont même arboré le fameux carré rouge en gage de soutien aux étudiants. En 2017, 2018 et 2019, les grèves pour la rémunération des stages ont été fréquentes, avec des milliers d’étudiants. En 2019, il est également question de cette « crise » en éducation : taux de décrochage scolaire élevé, analphabétisme, écoles en miettes, des enseignants à bout, la rétention difficile des nouvelles recrues dans la profession…

Première grève étudiante au Québec, 1958

Première grève étudiante au Québec, 1958

Bref, à bien des égards, le système d’éducation québécois semble parfois aussi mal en point que le système de santé. C’est du moins l’impression laissée, et par les médias, et par les acteurs et manifestants du milieu de l’éducation. François Legault a été ministre de l’Éducation et de la Jeunesse sous le gouvernement de Lucien Bouchard. Il présente sans cesse la Coalition Avenir Québec telle que le parti du renouveau. En ce sens, il a sans doute été judicieux de sa part de présenter son parti comme le remède aux difficultés en éducation, en plus d’en faire le terrain de ses engagements prioritaires. Bernard Landry l’a également nommé ministre de la Santé à l’époque, et la CAQ accorde évidemment une bonne partie de son attention à contrer les déboires du système de santé. Le nouveau gouvernement, en s’attaquant aux enjeux cruciaux de l’éducation, peut cependant parvenir à se démarquer. Du même coup, il prend ses distances du gouffre sans fin que représente le milieu de la santé, ainsi que du précédent gouvernement libéral (pointé du doigt comme le « gouvernement des docteurs »). Par exemple, Legault, en campagne électorale, voulait geler les hausses de rémunération des médecins spécialistes qu’avaient prévues les libéraux au pouvoir. Une façon efficace de se faire valoir en tant que nouvelle solution.

Fatima Houda-Pepin a écrit dans sa chronique d’il y a trois jours, intitulée « L’éducation comme priorité nationale », que monsieur Legault semble sincère dans sa volonté de réformer le milieu de l’éducation québécoise. Elle a mis en cause le « malaise » du premier ministre face à des questions comme le décrochage scolaire. D’autres iraient prétendre que cet intérêt du chef caquiste n’est rien d’autre qu’une façade. C’est que dans les premiers mois suivants sa victoire, sa formation a semblé se concentrer sur trois autres enjeux. Il y a eu le débat sur le port des signes religieux par les employés de l’État en position d’autorité, le troisième lien entre Québec et Lévis, ainsi que l’interdiction de consommer du cannabis pour les jeunes en bas de 21 ans. Car, dans les faits, la CAQ doit faire ses preuves à plusieurs niveaux si elle espère retaper le système de l’éducation. Ludvic Moquin-Beaudry, chroniqueur à plusieurs médias, dont le ricochet, et enseignant au collégial, en liste un certain nombre. Pour commencer, le gouvernement devra développer des incitatifs intéressants s’il veut contrer le taux alarmant d’abandon du métier par les jeunes enseignants. Ensuite, même si le projet de la maternelle quatre ans se concrétise bel et bien, davantage de professionnels devront être engagés pour traiter les enfants diagnostiqués avec un trouble de l’apprentissage. Aussi, beaucoup d’établissements scolaires doivent être entretenus, au niveau de la structure et pour la qualité de l’air. Enfin, plus d’écoles devront être construites, et avec plus de matériel, parce que les établissements du secondaire recevront à peu près 60 000 élèves supplémentaires au cours des années à venir.

Le budget de 2019 a récemment été détaillé, mais les doutes persistent quant aux intentions du gouvernement et à ce qu’il pourra réaliser en éducation. Ce dernier secteur fait partie des priorités du nouveau budget provincial ; c’est toutefois l’économie qui en ressort la grande gagnante. L’éducation et la santé paraissent dans l’ensemble satisfaites des moyens prévus par la CAQ, bien qu’elles auraient souhaité certaines sommes supplémentaires. En éducation, l’argent réservé aux infrastructures, au matériel, aux classes spécialisées et aux sorties parascolaires pourrait peut-être bien changer la donne. L’équivalent de 600 nouveaux professionnels est également prévu… Legault apparaîtrait en héros. En harmonie avec l’onglet « priorités » du site web du gouvernement, intitulé l’ « Audace d’agir : l’éducation, l’économie et la santé ». L’ordre tient assez bien la route pour l’instant, il devra faire attention à ne pas s’en éloigner.

Même si le budget provincial de 2019 semble assez bien reçu dans l’ensemble, et qu’il fournit une bonne partie des ressources demandées en éducation, il reste un revers à la médaille. En gros, François Legault a les ressources et la position pour en effet se démarquer et soigner l’éducation au Québec. Maintenant… Le plus difficile est à faire. Comme ce fut mentionné plus tôt, les défis semblent nombreux. En ce qui concerne l’historique du milieu : rien de bien encourageant. Quoi qu’il en advienne, les dés sont définitivement lancés. Malgré les doutes persistants, et qui pourraient lui nuire à plus ou moins long terme si les représentants de l’éducation s’impatientent, le gouvernement a en quelque sorte officialisé sa volonté de ressusciter le système éducatif en lui réservant une belle tranche de son budget.  Il y a tant de choses à corriger en éducation qu’il serait sans doute impossible de tout réaliser en un seul mandat, et encore moins évident de satisfaire tout le monde. Cela n'apaisera pas la gronde « éducationnelle » pour autant, déjà sous tension depuis les importantes coupures du précédent gouvernement Couillard.


Suivant cette logique, l’essentiel pour Legault est de prioriser les besoins les plus criants, ceux-là mêmes qui pourraient de toute façon lui valoir plus de votes aux prochaines élections. Qu’arrivera-t-il, alors, si le premier ministre injecte la majeure portion de l’argent destinée aux infrastructures dans la mise en place du programme de maternelle 4 ans? Il est quand même question d’un montant de 20,3 milliards de dollars sur dix ans… Et surtout d’une promesse électorale réfutée par bien des gens, en particulier par ceux qui devront l’appliquer de manière concrète. Enfin, il est évident que plus le montant d’argent est élevé, plus le gouvernement risque gros face à l’opinion publique s’il fait un mauvais pas… En ce cas un pas de trop.


Le danger ici est de tomber dans une gestion similaire à celle du réseau de santé, et de finir par tout embourber : de créer un gouffre monétaire très gourmand en argent, mais qui n’apporte aucune amélioration significative. La taxe scolaire uniforme devrait coûter au gouvernement 700 millions de dollars par année selon l’Institut de recherche Iris. Aussi, plus de classes de maternelle 4 ans (5000 classes en cinq ans) seront construites, avec davantage d’enseignants recrutés, et plus les besoins en argent augmenteront. Si d’autres secteurs de l’éducation manquent déjà d’argent alors que ces classes sont construites… Où iront les fonds à l’avenir? Peut-être ne seront-ils jamais suffisants.


François Legault doit à tout prix éviter une telle situation. À défaut d’abandonner son projet de maternelle 4 ans, il a intérêt à avoir un excellent ministre de l’éducation sous la main. Jean-François Roberge devra faire ses preuves, lui qui, avant son élection, désignait le cynisme comme le grand ennemi de la CAQ. Du cynisme, il y en a pourtant beaucoup chez les populations étudiante et enseignante. D’une part le collectif La planète s’invite à l’Université a critiqué les mesures en environnement du budget 2019, comme le soutien au troisième lien ainsi que l’aide au réseau routier en général. D’autre part, Legault souhaite imposer aux enseignants de retirer les signes religieux qu’ils portent, sans pourtant voit l’intérêt de décrocher les crucifix accrochés sur les murs de certaines classes. D’aucuns dénoncent une laïcité à double sens. Finalement, les cours d’éducation sexuelle que veut imposer le gouvernement ne font pas l’affaire de tout le monde. Peu d’enseignants s’affichent volontaires, aussi l'échéancier semble très serré quant à l’implantation de ces cours cet hiver. Des parents portent plainte et invoquent les chartes au nom de la religion.

Beaucoup de pression pour Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Beaucoup de pression pour Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

En résumé, ce qu’il manque à François Legault pour faire de ses projets une réussite, c’est d’obtenir un peu plus de consensus, c’est d’aller écouter les acteurs qui y sont directement impliqués. L’intention semble être là, mais pas la patience. Cela ne sert à rien d’opérer toutes sortes de changements si la majorité s’y oppose. Comme plusieurs l’ont remarqué, la CAQ en fait peut-être trop, et trop rapidement.

Écrit par Jérémie Bellefleur, rédacteur en chef du ComMédia

Bibliographie

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1159077/laval-enseignants-penurie-absences-suppleants-csdl

https://www.lapresse.ca/actualites/education/201902/17/01-5215069-maternelle-4-ans-le-gouvernement-legault-invite-a-reculer.php

https://www.ledevoir.com/societe/education/549134/penurie-d-enseignants-des-solutions

https://www.ledevoir.com/societe/education/205594/l-education-en-crise

https://quebec.huffingtonpost.ca/2017/02/14/printemps-erable-frais-scolarite_n_14746664.html

https://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/conflit-etudiant/201205/05/01-4522308-pauline-marois-justifie-son-carre-rouge.php

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/la-greve-etudiante-quebecoise-de-2012-et-la-loi-78

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https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/567450/plq-publicite-marois-casseroles

https://www.journaldemontreal.com/2017/01/15/greve-etudiante

https://lactualite.com/actualites/2018/11/19/des-milliers-detudiants-en-greve-pour-obtenir-des-stages-remuneres/

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1159013/greve-etudiante-generale-remuneration-stages

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/548026/un-mal-profond-en-education

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https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/francois-legault

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1130485/ministres-francois-legault-caq-quebec-justice-immigration-education-sube-lebel

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/201811/28/01-5205975-francois-legault-promet-un-redressement-national-en-education.php

http://mi.lapresse.ca/screens/a3d06fea-22c4-4f20-b54e-6a611ef560dc__7C___0.html

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1133051/remunerations-medecins-specialistes-gel-legault

https://www.journaldequebec.com/2019/03/23/leducation-comme-priorite-nationale

https://ricochet.media/fr/2449/education-la-fausse-priorite-de-francois-legault

https://www.journaldemontreal.com/2018/10/05/les-nouveaux-deputes-solidaires-prepares-a-bousculer-lassemblee-nationale

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201901/30/01-5212873-signes-religieux-la-caq-divisee-sur-la-clause-grand-pere.php

https://www.quebec.ca/gouv/priorites/

www.journaldequebec.com/2019/02/20/les-coupes-du-gouvernement-couillard-ont-affecte-les-services-dit-une-deputee-liberale

www.lapresse.ca/affaires/economie/quebec/201903/21/01-5219151-budget-quebec-2019-les-heureux-et-les-moins-heureux.php

www.journaldemontreal.com/2019/03/22/un-budget-presque-pour-tous

https://www.oiiq.org/web/guest/budget-provincial-2019-reconnaissance-des-besoins-de-sante-des-personnes-vulnerables

https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Fiche_taxe_scolaire.pdf

www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2018/201809/16/01-5196766-notre-pire-ennemi-cest-le-cynisme-dit-le-caquiste-jean-francois-roberge.php

www.journaldequebec.com/2019/02/13/crucifix-dans-les-ecoles-une-question-de-patrimoine-plaide-francois-legault

www.journaldequebec.com/2018/12/10/education-sexuelle-des-parents-agressifs-veulent-lexemption

Le Silmarillion de J. R. R. Tolkien, la création derrière le Seigneur des Anneaux

J. R. R. Tolkien a rédigé les premières ébauches du Silmarillion en 1914, à l’aube de la Première Guerre mondiale, et y a travaillé toute sa vie. Il s’agit essentiellement d’un énorme plan de 400 pages, où contes et récits s’entremêlent pour former les bases d’un univers mythologique. La période ainsi couverte s’étend de la création du monde sur lequel s’étendent les Terres du milieu, Arda, jusqu’à la fin du Troisième âge ( soit l’épilogue du Seigneur des Anneaux ). Verdict du ComMédia : 8/10.

Le monde d’Arda (aka la Terre il y a bien longtemps)

Le monde d’Arda (aka la Terre il y a bien longtemps)

Tolkien n’a jamais terminé le Silmarillion avant sa mort, son fils a rassemblé ses divers écrits en une seule publication ; un recueil et non un roman. Malgré tout, les chapitres suivent un certain ordre chronologique, et se complètent. C’est avec un ton poétique que l’auteur parvient à réécrire l’histoire du monde, de notre monde en vérité… Car mises à part la fiction et la magie, le Silmarillion repose sur la vision pessimiste qu’avait Tolkien des humains faits de chair et d’os. Il joint ensuite cette vision aux inspirations de nature religieuse.

Les Valars!

Les Valars!

Pour la religion, tout commence avec… Dieu. Un Dieu unique dont le nom est Eru, ou Illuvatar si vous aimez mieux, c’est comme vous voulez. Presque tous les personnages et les lieux du livre ont plus d’un nom pour les désigner, et ce à travers plusieurs langages qui évoluent au gré du temps et qui s’influencent entre eux. Cela montre bien le grand intérêt de Tolkien pour les langues (il était professeur de langue et littérature à Oxford). L’elfique, comme le monde, ne fut pas construit en un jour!

Bref, revenons en à la religion. Eru, comme Dieu unique, s’assimile bien entendu au Dieu de la religion catholique dont l’auteur fut un ardent croyant toute sa vie. La différence étant qu’il a ici façonné de ses mains une légion d’esprits, ses propres enfants : en quelque sorte des dieux eux aussi, mais inférieurs à leur père. ils s’appellent les Valars. Donc, voilà qu’à ce niveau-ci on se rapproche sûrement un peu plus des Grecs ou des Romains. Quoiqu’il en soit, l’un de ces Valars, du nom de Melkor, démontre dès les premières pages un certain penchant pour la perfidie et le malice. Il fait penser à Satan, l’ange déchu du paradis et l’incarnation absolue du mal.

Dame Galadriel, Legolas et Elrond! :)

Dame Galadriel, Legolas et Elrond! :)

Les elfes sont les premiers êtres vivants à voir le jour sur les Terres du Milieu, près d’un petit cours d’eau. Ils sont les premiers enfants d’Eru, et les favoris des Valars (pas de chance pour les hommes, les nains et les hobbits!). Parfois, ils ont l’air tout à fait normaux… Mais, à regarder le teint de Dame Galadriel, on voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. À défaut d’avoir la peau transparente, ils sont blancs comme la lune. En fait, ils ont un rapport très proche avec Arda, de même qu’avec la lune et le soleil (tous les deux aussi créés par Eru). Ils sont immortels et peuvent retourner à leur guise jusqu’à Valinor, la cité des dieux à l’extrême occident. Dame Galadriel est la petite-fille d’Owe, l’un des premiers elfes. Elle vient du Premier âge et est donc vieille de plusieurs milliers d’années, tout comme Elrond le demi-elfe (dans la même parenté éloignée). Les elfes aussi ressemblent à des anges, dans le fond. Et à la fin du Seigneur des Anneaux, ils quittent presque tous les Terres du Milieu pour se rendre à la cité des dieux.

Les Noldor et leur meneur Feanor

Les Noldor et leur meneur Feanor

À l’instar de nos ancêtres, quelques uns ont utilisé un passage gelé pour s’en retourner sur les Terres du Milieu à une certaine époque (après avoir vécu à Valinor près des dieux, c’est comme s’ils se rendaient en Amérique depuis l’ouest). C’est qu’une partie des elfes, les Noldor, ont trahi les Valars et se sont enfuis en croyant que ces derniers voulaient leur voler les joyaux qu’ils avaient forgés, les Silmarils. Bien sûr, rien de tout ça n’était vrai ; seulement des supercheries de Melkor, auquel les Valars, ses frères, venaient d’accorder une armistice. Les Noldor sont un peu comme Judas qui trahi Jésus… Et à la fin ils se font pardonner.

Mais voilà que leur trahison et leur fuite pour reprendre les silmarils à Melkor (caché dans sa forteresse sur les Terres du Milieu) a mené à la première des grandes guerres. Une grande guerre inspirée selon certains de LA Grande Guerre du monde réel. Car, il faut bien le dire, la guerre n’arrête jamais sur plus de 400 pages. Un combat en amène un autre, et la paix ne dure jamais. Les rois se meurent et se succèdent. Le mal ne peut pas disparaître complètement. Tolkien avait en effet participé à la Première Guerre mondiale.

Petit hobbit joufflu !

Petit hobbit joufflu !

Les humains sont les plus corruptibles de toutes les races, et pourtant Eru leur réserve un destin spécial, inconnu de presque tous. Au reste, la mort est associée dans ce livre à un privilège. Je vais vous laisser lire le livre et apprendre comment sont nées les autres races… La plus mystérieuse, et la plus unique, reste celle des hobbits, celle qui sauve le monde de Sauron (serviteur de Melkor) dans le Seigneur des Anneaux. Au final, ce que nous dit Tolkien, c’est que seules l'innocence et la bonté pures peuvent étouffer le mal pour toujours… Et qu’elles-mêmes ne sont pas à l’abri de la corruption.

Bref, le Silmarillion raconte surtout la destruction de grands royaumes et de grands personnages mêlés à des destins absolument tragiques. En soit, il n’est pas très agréable à lire. Le style est plutôt aride, mais sert bien les intentions présumées de l’auteur en mariant à merveille mythologie et poésie (je vous conseille donc de le lire an anglais). Quant aux intrigues, il est facile de ne plus s’y retrouver après quelques chapitres, à cause des noms de personnages et de lieux (merci au lexique). Finalement, voyez ce livre comme un manuel d’histoire des Terres du Milieu ; si vous aimez la mythologie, si le fantastique vous plaît, n’hésitez pas!

Écrit par Jérémie Bellefleur, rédacteur en chef du ComMédia

Affaire SNC-Lavalin : Trudeau pourrait perdre son premier combat dans un ring

Depuis quelques semaines, l'affaire SNC-Lavalin est au bout de toutes les lèvres. Les médias canadiens, québécois et même internationaux en parlent incessamment. Pourquoi on en parle autant? Pour répondre à cette question, il est important de comprendre l’affaire et les différentes perspectives qu’elle amène.

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C’est quoi l’affaire SNC-Lavalin? Et pourquoi c’est important de la comprendre?

     

L’affaire SNC-Lavalin est un scandale de corruption entre la firme d’ingénierie montréalaise SNC-Lavalin et le Parti libéral du Canada (PLC). Certains membres du cabinet des ministres, dont le Premier ministre Justin Trudeau, auraient tenté de secourir SNC d'une poursuite judiciaire en faisant pression sur la ministre de la Justice, Jody Wilson Raybould. Ceci va contre la règle de droit, la Rule of Law, qui stipule que le politique doit être séparé de la justice. C’est un des piliers de la démocratie. Autrement, on se trouve dans un pays où le parti au pouvoir pourrait potentiellement emprisonner, libérer ou juger qui il veut. Cela va contre la démocratie.

L’ex-Ministre Jody Wilson-Raybould en compagnie du Premier Ministre libéral du Canada Justin Trudeau.

L’ex-Ministre Jody Wilson-Raybould en compagnie du Premier Ministre libéral du Canada Justin Trudeau.


Tout a commencé le 7 février 2019. Lorsque le journal canadien-anglais Globe and Mail a publié un article sur le constant lobbying de SNC auprès du Parti libéral. SNC a toujours été rouge. Ils auraient approché pas moins de 19 fois le bureau du premier ministre depuis 2017. Un véritable record en termes de lobbying.

Vous vous demandez probablement pourquoi il y a autant de pression de la part de SNC. Eh bien, la compagnie a reçu une poursuite pour corruption en 2017 de la part du Service des poursuites pénales du Canada et de la Gendarmerie royale du Canada. Parmi les accusations qu'on lui porte, il y en a une qui est digne de mention. Celle d’avoir payé des prostitués au fils du dictateur Mouammar Kadhafi afin d’obtenir des contrats en Libye.

L'argument de SNC pour se défendre, c’est qu’ils ont plus de 9000 emplois au Canada. Si SNC perd le procès, la compagnie ne pourra plus faire affaire au Canada pour une période de 10 ans. De ce fait, cela pourrait faire baisser ses ententes avec d'autres pays, car qui veut faire affaire avec une compagnie canadienne qui ne peut même pas y faire affaire? Ce procès, selon SNC, entraînerait donc une baisse de contrats et conséquemment ferait perdre ces postes.  

La réponse de la ministre Raybould était de ne pas empêcher la poursuite. Elle n'a pas voulu tenir compte des postes en jeu. Parce qu’en justice il y a une règle qui stipule qu’il ne faut pas prendre en compte l’aspect économique d’une affaire judiciaire.

Mais Trudeau n’aurait pas été en accord avec l’opinion de Raybould. Il aurait tenté de convaincre Raybould que 9000 emplois, dont 2000 au Québec, il faut protéger ça. D'autant plus que le Parti libéral dépend du Québec pour être réélu cette année. Pour ce faire, il aurait utilisé une nouvelle loi mise en place par son gouvernement en 2018 : les accords de poursuite suspendue. Une nouvelle clause du Code criminel qui, comme son nom l’indique, permet de suspendre une poursuite envers une organisation sous certaines conditions.

Un autre membre du cabinet qui aurait tenté de la convaincre est le secrétaire principal de Trudeau, Gerald Butts. Il est reconnu comme étant un de ses meilleurs amis.
    Au total, 11 membres du cabinet Trudeau auraient tenté d'influencer Jody Wilson-Raybould selon son témoignage.

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Trudeau et Gerald Butts, en littérature à l'Université McGill. Les deux hommes se connaissent depuis leur baccalauréat.

Gerald Butts….

Gerald Butts….

Raybould n’a malheureusement, ou heureusement, selon votre point de vue, pas changé d’opinion. Conséquemment, lors du remaniement ministériel, on lui a donné un ministère considéré comme moins prestigieux : le ministère des Affaires aux vétérans. Elle a publié entre temps un drôle de communiqué que personne ne comprenait à l’époque. C'était en réponse au fait qu'elle n'ait plus le ministère de la Justice. Elle y soulignait l’importance de la règle de droit pour préserver la démocratie.  

Après l’article du Globe, Justin Trudeau a affirmé que si Raybould s’était senti réellement menacé par rapport à l’affaire SNC elle aurait démissionné. Chose qu'elle a faite dès le lendemain. Par la suite, Butts a lui aussi démissionné.

Depuis, Jody Wilson Raybould et Gerald Butts ont pu donner tour à tour leur version des faits devant le Parlement. Jody Wilson disait qu’elle a senti la pression comme étant une action « déplacée » de la part de son parti, mais pas « illégale ». Butts, quant à lui, a nié les pressions. Selon lui, s’il y en a eu, c’était inconsciemment. De plus, Raybould ne les aurait jamais averti de ce sentiment.  

Est-ce que cela aura des conséquences sur les élections fédérales de cette année? Seul le temps le dira. Mais présentement, le Parti conservateur du Canada devance le Parti libéral. Au Québec, selon le plus récent sondage Léger, le PLC reste premier avec 35% des intentions de vote.


Quelles sont les différentes perspectives de l’affaire?

* quand je parle de perspective, je parle d’opinions que l’on retrouve majoritairement ou seulement dans ces endroits. Je ne prétends nullement que tout le monde appartenant à telle ou telle catégorie partage cette opinion.

Perspective québécoise

Selon le plus récent sondage Léger, 59% des Québécois veulent que SNC n’ait pas de procès et puisse bénéficier des accords de poursuite suspendue. Parce que la compagnie est un fleuron québécois qui existe depuis 1911. Il emploie plus de 50 000 personnes, dont 2000 Québécois. Selon ce point de vue, on ne peut pas laisser la compagnie mourir. À la limite, elle pourrait être nationalisée, c’est une idée que lance le NPD dans l’espoir de recréer la vague orange.


Perspective autochtone 

Jody Wilson Raybould est une autochtone provenant de la nation Kwak’wala de la Colombie-Britannique. Elle est un véritable symbole pour beaucoup de Premières Nations. Elle représentait l'engagement de « Vérité et réconciliation »  promis par Justin Trudeau aux Premières Nations lors des élections de 2015.

Son remaniement dans le cabinet à un poste moins prestigieux, les pressions faites à son égard et sa rétrogradation ont été vus comme une trahison.


Perspective féministe

Une autre promesse de Justin Trudeau, lors des élections de 2015, était la parité de son cabinet des ministres. « Parce qu’on est en 2015 » disait-il.

Sauf qu’il a perdu un autre poids lourd féminin de son cabinet : la présidente du Conseil du Trésor du Canada, Jane Philpott. Celle-ci a démissionné lorsque son parti était en plein dans la tourmente de SNC. Selon sa lettre de démission, elle a quitté car un ministre « doit toujours être prêt à défendre les autres ministres publiquement » et soutenir « le gouvernement et ses politiques ». Chose qu'elle n'était plus capable de garantir.  
Cet événement a fait remettre en question le supposé féminisme de Trudeau par certaines critiques.


Perspective du Canada-Anglais

Pour les Canadiens anglais, SNC symbolise encore le fait que le Québec passe avant les autres provinces auprès du PLC ; une critique que l'on retrouve depuis le projet souverainiste québécois.

Ils ont perdu la confiance en Trudeau, d’où le fait qu’Andrew Scheer du Parti conservateur dépasse le Parti libéral.


Perspective juridique

La cour fédérale du Canada a publié un jugement sur le fait que SNC ne pourra pas avoir recours aux accords de poursuite suspendue. Son procès aura donc lieu.

Écrit par Anaïs Pijet Villeneuve, rédactrice au ComMédia



Pour aller plus loin + Sources

Article du Globe and Mail qui a tout commencé : https://www.theglobeandmail.com/politics/article-pmo-pressed-justice-minister-to-abandon-prosecution-of-snc-lavalin/


SNC Lavalin : https://www.cbc.ca/news/business/a-brief-history-of-snc-lavalin-1.1154986


L’affaire SNC Lavalin: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1154560/affaire-scandale-snc-lavalin-trudeau-raybould-butts

https://www.thestar.com/politics/federal/2019/03/13/snc-lavalin-affair-we-answer-your-most-pressing-questions.html

https://www.macleans.ca/politics/ottawa/what-does-it-take-to-get-a-deferred-prosecution-agreement/

https://www.theglobeandmail.com/politics/article-snc-lavalin-had-access-to-governments-top-decision-makers-lobbying/

Fils de Kadhafi : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/738679/pots-de-vin-snc-lavalin-libye-kadhafi-riadh-ben-aissa-defense



Accord de poursuite suspendue : https://www.tpsgc-pwgsc.gc.ca/ci-if/ar-cw/aps-dpa-fra.html

Admission de Trudeau : https://www.thestar.com/politics/federal/2019/03/07/live-at-745-am-prime-minister-justin-trudeau-to-give-statement-on-snc-lavalin-scandal.html?li_source=LI&li_medium=star_web_ymbii

Le remaniement ministériel : https://www.cbc.ca/news/politics/liberal-cabinet-shuffle-2019-1.4976936


Raybould : https://www.theglobeandmail.com/canada/article-a-closer-look-the-11-people-wilson-raybould-said-were-involved-in-the/

http://jwilson-raybould.liberal.ca/wp-content/uploads/sites/1565/2019/01/JWilsonRaybouldStatement.pdf


Gerald Butts : https://ottawacitizen.com/news/national/full-statement-gerald-butts-resignation-letter


Sondage: https://montrealgazette.com/news/local-news/snc-lavalin-controversy-narrows-federal-liberals-lead-in-quebec-poll

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201903/14/01-5218191-sondage-laffaire-snc-lavalin-nuit-au-plc.php

https://newsinteractives.cbc.ca/elections/poll-tracker/canada/


Perspective québécoise
https://lactualite.com/politique/2019/02/28/la-ligne-de-faille-absolue-dans-laffaire-snc-lavalin/

https://www.tvanouvelles.ca/2019/03/14/les-quebecois-veulent-sauver-snc-lavalin

Perspective autochtone 

https://aptnnews.ca/2019/02/13/a-significant-step-backwards-first-nation-leaders-react-to-jody-wilson-raybould-resignation/ 

Perspective féministe

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1156465/ministre-jane-philpott-demission-conseil-tresor

https://www.cbc.ca/news/politics/trudeau-women-cabinet-philpott-wilson-raybould-1.5048292

Perspective du Canada-Anglais

https://ipolitics.ca/2019/02/08/snc-lavalin-affair-its-all-about-quebec/

https://newsinteractives.cbc.ca/elections/poll-tracker/canada/

Perspective juridique

https://www.canlii.org/en/ca/fct/doc/2019/2019fc282/2019fc282.html

Images

Logo SNC-Lavalin

https://en.wikipedia.org/wiki/SNC-Lavalin


Jody Wilson Raybould et Justin Trudeau

https://www.bbc.com/news/world-us-canada-47232348


Gerald Butts et Justin Trudeau 

https://ottawacitizen.com/opinion/editorials/editorial-gerald-butts-bows-out-over-snc-lavalin-affair


Gerald Butts Aujourd’hui



La solitude chez les personnes âgées : un enjeu de société

La population du Québec est vieillissante. Breaking news? Je ne penserais pas, on peut d’ailleurs observer ce vieillissement en ne portant qu’une simple attention à notre environnement. Pourtant, il me semble qu’on vit un peu la tête dans le sable et les bras croisés face à cette situation, et les nombreux enjeux qu’elle comporte. On ne cesse de relater dans les médias de nombreuses situations désolantes qui ont lieu dans des résidences pour personnes âgées, que ce soit des résidences intermédiaires, des CHSLD ou autres types de résidences pour aînés. On demande des changements pour offrir des conditions davantage favorables à cette clientèle, et plusieurs messages sont récurrents, tels que : trop de patates pilées, pas assez de bains, pas assez d’activités, trop de Jell-O, etc. Je suis consciente que plusieurs choses doivent changer. Étant préposée aux bénéficiaires, je suis constamment exposée à ces conditions qui pourraient largement être améliorées. Cependant, je crois qu’il est plus facile de pointer du doigt le système et d’attendre que le changement s’effectue que d’agir concrètement pour résoudre les problèmes. Il me semble tout de même qu’en s’indignant pour nos aînés, on n’en fait pas plus de notre côté. En ne désignant constamment qu’un seul enjeu, soit celui des résidences pour aînés et leurs services, on met dans l’ombre plusieurs autres enjeux tout aussi importants. C’est d’ailleurs le cas pour la solitude chez les personnes âgées ; enjeu actuel et sur lequel nous pouvons agir dès maintenant sans l’aide du gouvernement et de ses procédures sans fin. Ironiquement, ce sujet est peu discuté autour des machines à café et dans les salles de presse. On l’a effleuré souvent, mais avons-nous tous agis contre celle solitude?  

Au Québec, selon le Devoir, une personne âgée sur trois vit seule. Souvent, les gens des services à la clientèle sont les seules personnes à qui ils vont s’adresser durant la journée ou même durant toute la semaine. La discussion avec le pharmacien, les infirmiers à domicile, le médecin, la caissière à l’épicerie et les conseillers à la banque vont être la seule source de contact humain. On a souvent le réflexe, même moi je suis coupable, de couper court aux discussions avec les aînés. Le temps file et nous sommes constamment en train de courir après notre emploi du temps, avec notre travail ainsi que notre vie sociale, ne laissant que peu de temps au spontané, et donc aux conversations plus légères comme celles sur la météo, mais sans pour autant être moins importantes. Parfois, une simple opinion partagée sur la partie de hockey de la veille peut mettre un baume sur un cœur âgé. Pensez-y. Parfois, même un sourire bien ressenti suffit. On doit juste y porter une attention particulière. 

D’autre part, lorsqu’on ne connait pas l’histoire derrière une personne, il est facile de juger un livre par sa couverture. Puis, surtout par paresse, on ne voit pas la nécessité de l’ouvrir afin de découvrir l’histoire qui s’y cache.  En résidence, nous voyons plusieurs résidents n’avoir aucun contact ou presque avec leur famille, c’est d’ailleurs le cas d’une personne âgée sur trois au Québec. On ne connait pas toujours le contexte familial et ses nombreux détails, mais on ne peut que ressentir malgré tout la peine et le vide qui les habitent. Une attention portée à leur égard changera leur tristesse en sourire le temps d’un moment, et changera votre vision de la vie pour un bon bout de temps. Sans faire cela avec un objectif égoïste, donner rapporte gros personnellement. 

On pense qu’ils ne connaissent pas grand-chose ; mais vous le savez sûrement, et leurs cheveux mentent rarement, ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils n’ont pas connu Tinder, mais ils ont connu les « je t’aime » et les peines d’amour. Ils n’ont pas connu Facebook, mais eux aussi ont eu des amitiés inébranlables et des soirées inoubliables. Ce n’est pas parce que ce n’était pas sur Instagram que ce n’était pas mémorable. Ils en ont eu des fous rires, des déceptions, des joies et des moments de remise en question ; parce que la principale chose qui nous unit, les humains, ce sont ces émotions que nous partageons et qui font de nous des êtres vivants qui ne font pas qu’exister.

Ne suivez pas le courant, pour une fois, et ne laissez pas les générations séparer ces gens de vous, parce qu’il y a beaucoup plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent. « L’amour, ce n’est pas démodable » qu’ils disent.

Source de l’article : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/536356/l-isolement-social-des-aines-un-reel-gaspillage-humain?fbclid=IwAR1pK3yRdLvfJfiUGSPRxvMyzeR2jKNum3qu5tx1f81nvqJB_Oxf_WZuVhk

Écrit par Sandrine Demers, Rédactrice du ComMédia

Amours Solitaires : La révolution de l’amour a commencé

Pourquoi ne pas profiter du 14 Février pour vous faire découvrir le premier livre de Morgane Ortin, une jeune auteure qui lance la révolution de l’amour. 

Son tout premier roman, Amours Solitaires, est un livre qui a débuté par un compte Instagram qui n’a qu’un seul but : partager l’amour. Voilà comment l’auteure parle de l’histoire de son livre : « Autrefois, les amoureux échangeaient des lettres. Aujourd’hui, ils s’envoient des textos, mais malgré tout, la poésie n’a pas disparu entre temps. »

Depuis qu’elle a créé le compte Instagram d’Amours Solitaires, Morgane Ortin a recueilli des milliers de conversations intimes d’amoureux anonymes. Des mots doux, crus, exaltés, érotiques, simples, drôles, sensuels, habiles et piquants.

Elle en a sélectionné 278 provenant d’amoureux différents pour composer une histoire d’amour divisée en neuf chapitres. Une histoire que l’on pourrait introduire comme suit : Des amours, il en a connu avant. Elle en a vu passer aussi. Le livre raconte le leur.

Le livre, sorti le 31 Octobre 2018 en France, a été et est toujours un best-seller. Ici, au Québec, ce dernier est apparu en janvier 2019. Vous pouvez donc vous le procurer dans toutes les librairies.

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Amoureuse éperdue de l’amour, Morgane Ortin voulait, en créant son compte Instagram, rassembler tous les beaux mots de l’amour en un seul lieu, un lieu numérique où l’on pourrait se souvenir pour toujours des mots qui ont compté, et ainsi montrer que la sensibilité n’est pas une faiblesse et que l’expression du sentiment est constitutive de notre humanité.

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À force de voir sa communauté augmenter, la jeune auteure a la conviction qu’il est temps de dépasser les frontières et d’initier la révolution de l’amour. Celle-ci affirme que l’expression du sentiment est nécessaire. Avec Amours Solitaires, son but est d’arrêter les faux-semblants. « Si nous aimons, disons-le, si nous dirons, montrons-le. Il y a tellement de nuances et de possibles dans l’expression du sentiment que nous serions bien tristes d’aimer en rejetant l’amour», explique-t-elle dans son livre.

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Mais qu’est-ce que la définition de la révolution de l’amour selon les lecteurs du compte Amours Solitaires ? Pour certains, c’est d’assumer ses sentiments et ses émotions, prôner la bienveillance et la compréhension. C’est aussi s’aimer soi-même. S’aimer soi-même pour aimer plus fort, aussi. Et pour d’autres, c’est d’accepter que quelqu’un vienne détourner notre plan de vie déjà bien tracé.

 

Un nouveau style de lecture rafraîchissant, car la lecture du livre se fait uniquement par textos, comme les images tirées du livre ci-dessus. Une conversation que l’on suit comme si on s’introduisait dans la vie des deux amoureux ; mais plutôt que de provenir d’une seule et même personne, c’est un rassemblement de 278 textos différents qui, mis tous ensemble, forment une magnifique histoire.

Si vous voulez en apprendre plus : 

-       Le compte Instagram d’Amours Solitaires : https://www.instagram.com/amours_solitaires/

-       Morgane Ortin nous partage ses coups de cœur d’Amours Solitaires : https://www.youtube.com/watch?v=yOIFkM9pDY8

Écrit par Lillou Allart, Rédactrice du ComMédia

Entrevue avec Mona Tep, créatrice du ComMédia!

Originaire du Cambodge, Mona Tep a vécu dix ans au Québec. À l’époque, les étudiants étrangers se faisaient rares, et c’est dans un petit département naissant, de 100 ou 200 étudiants, qu’elle a créé le ComMédia en 1989. En même temps, elle rédigeait une maîtrise ; une analyse linguistique de la couverture médiatique de quelques grands médias internationaux sur le mouvement des Khmers rouges (un parti communiste ayant dirigé le Cambodge de 1975 à 1979). Pour son nouveau journal, Mona Tep devait aller trouver elle-même les commanditaires, s’occuper du montage, de l’impression, de la coordination générale… Gérer les déplacements de certains chroniqueurs! Bref, l’équivalent d’une édition mensuelle d’une dizaine de pages. Notre toute première rédactrice en chef fut évidement ravie de constater la poursuite de son travail… Elle m’explique ici les débuts du journal, ce qu’il était, de même que l’influence qu’il a pu exercer sur sa vie. Et pourquoi pas quelques conseils tant qu’on y est?

Comment le magazine a-t-il été créé?


J’ai quitté le Cambodge depuis mon plus jeune âge, et ce, à cause de la guerre.  J’ai beaucoup bougé, de la France au Canada, de Québec à Montréal… et l’université est le premier endroit où j’avais envie d’investir car j’y avais passé beaucoup d’années et devrais encore y passer quelques autres puisque je commençais mon master.  


De par ma nature j’ai ce besoin de partager, de rassembler et surtout d’aider. Quand je suis arrivée au Dept de comm, j’ai tout de suite remarqué qu’il manquait ce lien entre les étudiants et les professeurs.  Si on s’arrête un instant, on connaît peu de la vie des étudiants et aussi de la vie des professeurs, je voulais que le journal « humanise » ses deux publics, souvent pudiques de par leur position/fonction. Et puis on est en communication ; comment est-ce possible qu’il n’ait pas un journal?


Pourquoi avoir fondé le ComMédia alors que vous étiez déjà occupée par la maîtrise?

Le besoin de communiquer tout simplement, et c’est un peu paradoxal que dans un département de comm on n’ait pas ce genre de journal.  

Je voulais « humaniser » les étudiants et les professeurs. Ce n’est pas une question de rigidité, mais ces deux groupes sont cantonnés dans leur « image » stéréotypée et je voulais surtout atténuer ces barrières imaginaires que nous nous faisons de l’étudiant quand on est professeur et vice et versa.

J’aime les challenges et je pense que le temps est élastique quand on sait s’en servir et qu’on sait s’organiser… J’avais fixé un objectif et cela me motive…. Comme on dit : « Quand on aime, on compte pas ! ».


À qui le journal s'adressait-il?

Surtout aux étudiants mais aussi aux profs qui avaient envie de mieux connaître leurs étudiants. Les étudiants ne savaient pas toujours ce qui se passait dans le département et vice et versa.  Créer une communauté de communicateurs et de communiquants… pas juste faire de la théorie, mais de la pratique.

Comment fonctionnait le ComMédia à ses débuts ? ( publications, fréquence de parution, prix/cotisations?).

 

Si je m’en rappelle, nous n’avions pas de budget ou si peu… seulement pour l’impression ; le reste, tout comme notre temps et la coordination que j’y mettais, étaient bénévoles…. Je pense que c’est une belle plateforme et expérience pour ceux qui veulent devenir journalistes ou dans les métiers connexes. J’avais aussi trouvé un humoriste de bandes dessinées qui faisait bien parler le journal…


À quoi ressemblait l'équipe complète?

Un éditeur et des journalistes, c’est tout.

Qui y participaient ( profs, étudiants, etc.)?

Je choisissais les profs, ils n’avaient pas un emplacement particulier mais je voulais qu’ils soient présents pour faire des updates… des messages sur les prochains cours… leur vision académique, mais aussi en tant que personne ayant le pouvoir de forger le futur des jeunes communicateurs.

Pour les chroniqueurs… nous avions les mêmes souvent… on faisait une revue des articles que nous pouvions pondre, et voilà… Ensuite, je faisais aussi éditeur et correction d’épreuves… C’était beaucoup beaucoup de travail, mais je pense que c’était apprécié et cela permettait aux étudiants de prendre de l’expérience et aux autres de savoir ce qui se passait dans le département et autour de soi.

Quels étaient les rapports entre le magazine et l'association étudiante?

Très liés car on essayait de répondre aussi aux besoins évoqués dans la vie d’asso!

Avez-vous aussi participé à la création de l'Aécum?  

Je vous avoue que je ne me rappelle pas avoir créé l’Aécum, cependant j’y ai participé à travers le ComMédia, car la partie « associative étudiants » m’intéressait. Je voulais, à travers le journal, comme j’ai dit ci-haut, faire le pont avec les étudiants, les professeurs et la vie estudiantine. J’étais aussi Déléguée du 2e cycle… donc la vie estudiantine m’intéressait. Et puis on est en communication, je trouvais aberrant qu’il n’y ait pas de journal fait par et pour les étudiants. Un ami très cher (Alexandre Gousse de la même année en master) me poussait aussi à créer le ComMédia.

D'après ce que j'ai vu, les nouvelles de l'Aécum et du département transitaient surtout par le magazine? Est-ce exact?  

Oui, je crois que le journal a grandement contribué… cela a permis les rassemblements, à des gens de partager des expériences, de démontrer le dynamisme de notre faculté …. À la fois à travers les professeurs et les étudiants. Cela permettait de voir arriver les nouveaux… comment les inclure et qu’ils arrivent surtout à s’insérer rapidement à la vie d’étudiant autant académiquement que socialement.

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J’ai aussi été élue Déléguée du 2e Cycle… c’est une autre raison pourquoi j’ai beaucoup participé à l’Aécum.


Quelle est votre opinion sur la récente et inévitable transition numérique des médias?

Cela va de soi, nous sommes en communication, cela ne serait pas normal si on était réfractaires… Il faut par contre savoir gérer le progrès… Tout progrès tel que le numérique mérite que nous nous posions la question : est-ce bon pour moi, est-ce nécessaire ?  Comment vais-je l’utiliser (sans en abuser) à bon escient?

Pensez-vous qu'un journal comme le nôtre intéresse toujours les étudiants? Pourquoi? (Est-il utile?)  

Je pense que c’est toujours utile… sous réserve bien sûr que les contenus soient d’actualité. De mon temps, le journal devait être le pont entre ce que font les étudiants et la vie professorale de la faculté. Comment insérer les nouveaux rapidement, etc. Je pense que c’est important que le journal continue de servir de « pont », et cela permet également de développer son expérience dans l’écriture.


Étiez-vous surprise de voir que le ComMédia existe toujours?

Oui !! Mais en même temps pas vraiment surprise vu que nous sommes dans le département de communication, c’est tout à fait normal que les étudiants s’y intéressent et gardent le flambeau du journal. C’est dommage sur un truc : le M majuscule de Média a disparu… ComMédia : Com c’est pour Communication et Média c’est pour cette raison…

Quel est votre métier aujourd'hui? Ou quel a été votre carrière?

J’ai fait divers métiers… notamment consultante en Communication pour la Banque Mondiale sur des projets de l’environnement, Directrice Communication pour une société artisanat cambodgienne. Mais j’ai surtout dirigé des projets pour des bailleurs de fonds tel que USAID (l’Agence américaine pour le développement international). En ce moment, managing director pour une société pharmaceutique d’import/export. Présidente de la Fédération équestre cambodgienne et je fais du consulting dans les projets DRH- RSE

De quelle façon pensez-vous que la création du ComMédia vous aura été bénéfique, quant à votre expérience?  

Bien sûr que la création du journal a été bénéfique… c’est une expérience pour les étudiants de travailler dans un journal, surtout si on veut devenir un journaliste. Et puis on rencontre les étudiants, on rencontre les professeurs, on tisse des liens pour eux, pour notre propre avancement en tant que personne. On prend de l’expérience dans l’organisation, dans les activités, car, pendant que j’étais étudiante, j’avais les cours, le journal, mais aussi je travaillais à l’extérieur pour me faire de l’argent de poche. Donc, bien occupée ! Il faut savoir s’organiser. Plus on est organisé, plus on peut faire de choses et faire avancer les choses. Je ne le répéterai jamais assez.

Que pensez-vous du modèle actuel du ComMédia ? (un article par semaine sur Facebook et sur le site internet mais nous en visons deux, un minimum de trois publications pour le même article afin de manipuler l'algorithme Facebook, puis un courriel envoyé à la fin du mois à tous les étudiants, et qui contient l'ensemble des articles hebdomadaires).

Génial, j’aimerais bien être sur votre liste d’envoi. C’est une bonne formule.

Quels sont vos conseils en ce sens?

Il faut savoir s’organiser. Plus on est organisé, plus on peut faire de choses et faire avancer les choses. Je ne le répéterai jamais assez.

Être dans les médias… c’est aussi savoir regarder le monde à travers ses yeux, mais aussi à travers les autres. Il faut toujours aller au bout de ses projets… même si parfois ils semblent insurmontables… Savoir se parer de gens compétents, faire confiance : ce sont des atouts.

Allez-vous lire le ComMédia ? ( vous n'êtes pas obligée de répondre « oui », ça serait plutôt drôle en fait x) ).   

OUI  absolument !  Je trouve ça formidable que le journal que j’ai créé existe toujours… Quand on a fait la moitié du chemin de son existence (comme c’est mon cas, j’ai 53 ans), même si on croit que les choses de la vie sont temporaires… rien n’est réellement permanent… le ComMédia nous rappelle que les belles choses peuvent subsister quasiment éternellement ☺.  Et que son changement à travers les mains et les yeux de d’autres personnes l’a rendu encore plus magnifique…. L’aventure ComMédia continue et c’est ça qui est formidable.

Jérémie Bellefleur, rédacteur en chef du ComMédia

Revue de la pièce de théâtre "Art"

“Art” est une pièce de théâtre, mise en scène par Marie-France Lambert, et met en vedette Benoit Brière (Serge), Luc Guérin (Yvan) ainsi que Martin Drainville (Marc), trois comédiens ayant une carrière assez bien remplie.

La pièce a été écrite par Yasmina Reza, qui a connu un énorme succès lors de sa création à Paris et qui est encore aussi populaire, même après 25 ans. Marie-France Lambert a adapté et dirige donc cette pièce pour sa toute première mise en scène.

Elle raconte l'histoire de trois hommes, amis depuis maintenant 30 ans, qui, au fur et à mesure, se rendent compte qu'ils n'ont plus autant en commun qu'avant. Durant 1h20, on suit Serge, Yvan et Marc qui, plutôt que d'exposer leurs problèmes personnels, cherchent à mettre la faute sur les autres et finissent par se haïr entre eux et ne plus savoir pourquoi ils sont amis. Toutes les disputes proviennent d'un seul problème : l'achat d'un tableau blanc par Serge pour  la somme exorbitante de 100 000$. Marc n'approuve pas du tout l'achat de son ami qu'il considère comme insensé puisque le tableau est blanc. De là commencent les disputes, les reproches et les aveux. 

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Je dois dire que, pour une première mise en scène, Marie-France Lambert a bien réussi son coup. En effet, on se laisse entraîner dans l'histoire et les querelles des trois amis avec une aisance surprenante. La pièce est teintée d'un humour sarcastique à la fois léger et intelligent du début à la fin. Les blagues ne sont jamais faites sans sens caché, elles ont toujours une raison bien précise.

Un détail intéressant ; il y a deux degrés d’humour à cette pièce. En effet, au premier degré, elle ne requiert pas beaucoup de concentration et l'humour léger permet de rire un bon coup. Toutefois, le second degré est aussi présent dans cette pièce. En effet, derrière l'humour léger se cache un humour intelligent chargé de sens.  On comprend que toutes les répliques ont un but. Il y a même plusieurs “running gags” tout au long de la pièce. Rien n'est laissé au hasard!

Personnellement, j'ai bien aimé cette pièce et j'ai passé un très bon moment. Les acteurs sont exceptionnels et on croit réellement à leur amitié, puis à leur haine les uns envers les autres.

Pour ceux que ça intéresse, “Art” sera au théâtre du Rideau-Vert jusqu'au 2 mars 2019, à moins d'autres supplémentaires!

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Écrit par Marie-Soleil Rochon, Rédactrice en chef du COMMEDIA