Je me suis embarquée dans l’aventure sans savoir.
Automne 2015. J’assiste à la présentation des chefs le jour des initiations. Devant moi, sur l’écran, des images de party et d’épreuves (indissociables) défilent… Je vois des jeunes rire, pleurer, s’étreindre. Ils ont tous le même regard fuyant… Pourtant, un sentiment principal se dégage de la proposition visuelle : la fierté. La fierté.
J’auditionne pour faire partie des Jeux de la communication. C’est pour moi. Je le sens. Animant déjà mon émission à la radio étudiante, j’espère être choisie pour l’épreuve de capsule sportive ou encore de bulletin de nouvelles. Je veux diversifier mes expertises journalistiques, qui ne se développeront pas par magie dans mes cours de communication (on s’entend). Je me rappelle être épuisée pendant toute la durée du processus. Heureusement, je découvre au même moment les divans du CAFCOM qui me procurent un réconfort inespéré.
Ma capsule sportive est un désastre. Je déteste le baseball et je ne connais strictement rien à ce sport. Parle-moi de hockey, de basketball ou même de soccer… Aucun problème. Il y a de l’action pour vrai dans ces disciplines… Je m’endors en regardant le match que je dois analyser. Mon bulletin de nouvelles est bon. Je reçois des commentaires positifs. Je remonte la pente, mais pas assez.
Je ne suis pas choisie. Théoriquement, je suis triste pour 24h. Après, je passe à d’autres choses. Tant pis pour eux. Ils (toute la **** de terre entière) passent à côté de quelque chose (de moi, évidemment).
Automne 2016. Je ne veux pas auditionner. La blessure du rejet, que je n’ai pas souvent connu en contexte universitaire, est encore vive. J’en parle avec une de mes bonnes amies, elle me dit : fais-le. Elle me connaît. Bien. Très bien. Elle m’a convaincue. Je réauditionne. Je refais un bulletin de nouvelles avec un sourire en coin parce que la radio m’attend. On s’entend. Les chefs sont des personnes extrêmement intelligentes qui veulent scorer. Moi je suis une personne quand même (de plus en plus) lucide qui est capable de se mettre à leur place. Je me veux en radio (man, 3 ans d’expérience).
Je suis prise. Je rentre dans une délégation qui regorge de nouveaux visages. On peut compter les anciens sur le bout de nos doigts. Tranquillement, mais surement, je vais me forger ma place au sein du groupe. Les quelques anciens prennent tellement de place. J’exagère complètement, j’en suis consciente. Pourtant, le sentiment est là. Ce n’est pas le coup de foudre. Les quelques blagues qui ne me font pas rire constituent une barrière à mon épanouissement…
Les Jeux sont aussi entachés par une crise survenue à l’Université du Québec en Outaouais. On reproche à l’organisation de promouvoir la culture du viol, mais, surtout, à mon avis, d’être hypersexualisée.
La réalité? Personne n’oblige personne. Les partys sont incroyables. Endiablés (un understatement) tout en étant sécuritaires. J’insiste sur ce mot. Je ne me suis jamais sentie en danger. Jamais. C’est juste que personnellement je préfère aller prendre un verre (ou plus…) à la Maisonnée et chanter jusqu’à ce que j’en perde la voix... Ça, c’est moi.
Mon épanouissement est passé par mon épreuve. Avec mes coéquipiers, nous avons réussi à installer au fil des semaines une chimie. Elle n’était pas naturelle. Nous l’avons travaillée et nous l’avons obtenue. Avec ces gars-là, je me sens bien. Nous nous sommes améliorés en symbiose l’un avec l’autre. Vers la fin, nous avons même pratiqué deux fois par semaine. En pleine session. Avec une jambe cassée et des engagements. Que du plaisir! Le plaisir d’être ensemble, le plaisir de constater le parcours parcouru. Le plaisir de faire de la radio.
Arrivent les Jeux. À Sherbrooke. Arrive toute. Mesdames et messieurs… L’Université de Montréal. Couverte de gear de délé (pantalons, chandails, t-shirt, costume et casquette), je crie, je gueule plutôt, mes encouragements à mes co-délégués, qui pleurent la plupart du temps. Crier et pleurer sont deux verbes d’action qui symbolisent à la perfection les Jeux de la communication. Les extrêmes.
Mon épreuve a lieu le dernier jour. J’ai essayé de protéger ma voix. Quelle bonne intention! Mon unique instrument. Je vous ai dit que je faisais l’épreuve radio, hein? Sans succès. Avec l’aide d’un suppositoire, elle me revient à la dernière seconde.
Nous performons. Malgré le stress et la fatigue. Nous avions pratiqué. Ça a payé. Au gala, je me laisse trainer sur scène par mes béquilles pour récupérer ma médaille de bronze. De la maison, ma petite sœur me regarde sur l’écran de son ordinateur. Elle me dira plus tard que j’étais tout sauf élégante. Avec un sourire en coin. La fierté dans les yeux.
Je suis fière de ma performance. Je suis fière de MA délégation. Nous avons obtenu la cinquième position avec un total de 6 podiums. 6 occasions de célébrer. En vérité, ce soir-là, nous étions tous gagnants. Je suis quétaine. Je m’assume. Quel beau cocktail d’émotions! Entourée de mes collègues, mais aussi de mes nouveaux amis, j’étais comblée. Shoutout à Concordia, qui partage notre place au classement. Merci d’avoir crié, non gueulé, mon nom quand je suis montée sur scène. C’est ça l’esprit des Jeux. C’est ça que je retiens. Le sentiment de communauté. La fierté.
J’ai vécu les Jeux à ma façon. Je ne regrette rien.