Vivre à ciel ouvert au Québec

Une problématique sociale prend de l’ampleur dans la province du Québec et s’attaque à une partie de la population ; l’itinérance. Ce phénomène touche une catégorie de personnes dans la province et est en croissance depuis près de cinq ans. Dans l’univers de l’itinérance, les profils varient d’une personne à une autre et les motifs pour se retrouver à la rue se présentent aussi sous plusieurs formes.

Parmi les itinérants donc, se trouvent d’anciennes personnes judiciarisées, des patients sortis d’hôpitaux, des jeunes qui viennent des centres jeunesse, d’autres sont les produits des crises au sein de la communauté autochtone (Dussault, 2023). Il y a aussi les personnes ayant décidé de vivre dans la rue par choix. Le divorce et la violence domestique qui sont en hausse depuis la pandémie de COVID-19 viennent s’ajouter aux causes de l’itinérance (Dussault, 2023).

En ce moment, l’itinérance au Québec est due à la forte immigration qui a augmenté après la crise de COVID-19 (Dussault, 2023). Pour donner une explication à ce facteur, il s’agit de la hausse de l’arrivée des nouveaux arrivants et des étudiants étrangers qui ont besoin de logements. Un autre facteur qui est présentement en cause dans l’itinérance et qui n’est pas à négliger est l’inflation. Par exemple, les logements sont plus coûteux et il n’y en a pas assez pour la population. En effet, c’est en mai 2023 que Rentals.ca a affirmé que l’inflation au niveau des loyers était de 6,5%. D’après les résultats de Rentals.ca, le coût moyen d’un logement d’une chambre à Montréal était de 1 657 $ et celui de deux chambres était de 2 172 $ (Dussault, 2023). Certaines personnes ont subi le rejet dans leur foyer familial et d’autres se sont faits expulsés par leur propriétaire parce qu’ils n’avaient plus assez d’argent pour payer leur loyer (Dussault, 2023). Les anciens patients d’hôpitaux, les personnes judiciarisées qui n’avaient plus de soutiens et les jeunes qui ont quitté les centres jeunesse se sont retrouvés sans moyens pour subvenir à leur besoin (Dussault, 2023). Cette catégorie de personnes s’était alors retrouvée dans la rue errant dans les parcs, sous les ponts, dans la rue ou dans les refuges.

Il faut aussi noter que lors des choix de locataires, il existe plusieurs critères qui seraient discriminatoires. Par exemple, il ne faut pas avoir de dette, il faut avoir fait ses impôts, avoir une adresse fixe et avoir des documents d’identité (Dussault, 22 juin 2023). Ce sont là quelques-unes des raisons pour lesquelles les individus qui ne répondent pas aux critères définis se retrouvent en situation d’itinérance dans les rues de la métropole.

Le nombre de personnes sans domicile fixe a augmenté dans trois régions du Québec depuis l’année 2018. Selon une source du ministère de la Santé et des Services Sociaux intitulé rapport de l’exercice du 11 octobre 2022, l’Outaouais a une variation de 268 % suivi des Laurentides avec une variation de 109 % et de la Montérégie qui a une variation de 98 % (ministère de la Santé et des Services Sociaux, 2023).

En plus des causes liées à l’itinérance mentionnées plus haut, le MSSS rapporte qu’il y a des problèmes de consommation de substances (21,3 %), de revenu insuffisant (16,8 %), des problèmes de santé mentale (12,1 %) et la question des mauvais traitements (11, 8 %) (ministère de la Santé et des Services Sociaux, 2023). Le nombre de personnes en situation d’itinérance était de 3 149 à Montréal et a atteint le nombre de 4 690 personnes en 2022 (ministère de la Santé et des Services Sociaux, 2023). Vous comprendrez donc que la crise du logement et les expulsions deviennent les premiers facteurs de l’itinérance au Québec (Chouinard et Dussault, 2023).

Pour pallier cette situation, le 3 novembre dernier lors d’une conférence de presse dans le Centre des femmes de conviction de Montréal, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, affirme qu’il y aura 188 places d’hébergement et 9,7 millions de dollars pour la ville de Montréal de la part de Québec pour financer et élargir quelques refuges (Dussault, 2023). Cette somme est une partie des 15,5 millions de dollars qu’a fournis Québec (Dussault, 2023). Cette initiative a reçu l’appui de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Qu’il s’agisse d’hôpitaux, de places transitoires, des ressources d’hébergement en dépendance, des centres de crise, des logements sociaux et supervisés (Dussault, 3 novembre 2023) ; Il y aura 5 500 places à Montréal pour accueillir les personnes en situation d’itinérance! Parmi ces places, il y aura 1 600 places qui seront des hébergements d’urgence ainsi que des services disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (Dussault, 3 novembre 2023). Le gouvernement a même ajouté lors de la conférence de presse dans le Centre des femmes de conviction de Montréal qu’il y aurait 15 places supplémentaires pour les femmes en situation d’itinérance, ce qui revient à 30 places (Dussault, 3 novembre 2023). Lionel Carmant affirme qu’il y aura 200 nouveaux logements pour les personnes en situation d’itinérance d’ici la fin de l’automne 2023 (Dussault, 3 novembre 2023). 

Pour conclure, l’itinérance a pris de l’ampleur depuis 2018 et c’est un problème social qu’il ne faut pas mettre de côté. Le MSSS a montré la réalité des personnes en situation d’itinérance avec des chiffres à l’appui. Grâce à cette action, cela a attiré l’attention du gouvernement du Québec pour qu’il puisse agir en conséquence. 

 Catarina O. Hountondji

 


Bibliographie

Chouinard, T., & Dussault, L. (2023, septembre 13). L’itinérance a bondi de 44 % en cinq ans au Québec. La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/2023-09-13/l-itinerance-a-bondi-de-44-en-cinq-ans-au-quebec.php 

Dussault, L. (2023a, juin 22). Pourquoi autant d’itinérance au Québec ? La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/2023-06-22/pourquoi-autant-d-itinerance-au-quebec.php 

Dussault, L. (2023b, novembre 3). Itinérance à Montréal : De nouvelles places en itinérance cet hiver, affirme Lionel Carmant. La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-03/itinerance-a-montreal/de-nouvelles-places-en-itinerance-cet-hiver-affirme-lionel-carmant.php 

Dussault, L. (2023c, novembre 3). Itinérance : « Ça va être compliqué à Montréal cet hiver ». La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-03/itinerance/ca-va-etre-complique-a-montreal-cet-hiver.php 


Rapport de dénombrement 2022—Publications du ministère de la Santé et des Services sociaux. (s. d.). Consulté 15 novembre 2023, à l’adresse
https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003630/