Mardi 11 avril 2017. Je me rends à la salle A-135 du Pavillon Marie-Victorin pour participer à l’assemblée générale électorale annuelle de mon programme de Communication. J’y suis allée les deux dernières années, mais aujourd’hui, pour ma dernière fois, le feeling est différent.
Je suis complètement et absolument nerveuse. Derrière mon bureau, je m’apprête à écrire tout ce que je vais entendre pour les trois prochaines heures. Je n’ai pas du tout envie d’être la secrétaire de l’assemblée et je manifeste mon mécontentement à tous mes amis qui viennent me saluer.
Mais, je vous regarde et vous êtes si beaux.
La semaine dernière, six exécutants de votre association ont quitté le navire de l’AÉCUM qui s’apprêtait alors à accoster. Ils ont démissionné en bloc lors d’un conseil exécutif de l’association étudiante, et ce, à quelques semaines de la fin de session et donc de leur fin de mandat. Leur lettre de démission englobe des motifs diversifiés : d’une homogénéisation imposée des points de vue aux prises de parole autoritaires prises à leur égard.
Au début de l’AG, deux porte-paroles du groupe démissionnaire, ont pris la parole. Ils vous ont expliqué de vive voix les raisons de leur départ précipité.
Selon eux, l’AÉCUM n’a pas bien représenté ses membres cette année, déviant ainsi de sa fonction première. Concrètement, le groupe reproche à certains exécutants le fait d’avoir passé trop de temps à socialiser avec des personnes qui ne proviennent pas du programme de Communication : les exécutants de la fédération étudiante (FAÉCUM), notamment.
Ils insistent sur un point important : chaque exécutant assume à 100 % sa démission, mais surtout le contenu de la fameuse lettre. Ils ont démissionné par principe et non pour des raisons personnelles.
Pendant l’AG, j’écris les revendications de mes ex-collègues sur mon ordinateur. Depuis quelques jours, sept jours exactement, j’ai moi-même eu l’occasion de parler personnellement à mes amis. Je les ai écoutés. Je les réécoute encore une fois. Nous sommes maintenant prêts à passer aux élections.
Ici, je commets une erreur. Je devrais lever ma main et prendre la parole, en tant que rédactrice en chef du COMMEDIA, pour vous parler. Nous devrions tous, les exécutants restants, vous parler.
Voici ce que nous aurions dû vous dire :
Nous estimons vous avoir représenté au meilleur de nos capacités, et ce, tout au long de l’année. Nous avons les membres à cœur et toutes nos actions ont été portées en ce sens.
Créer des liens avec une autre association, c’est permettre au programme de Communication d’avoir de meilleurs événements comme une cabane à sucre et un party de fin de session de feu, prohibition style. Participer à un Congrès de la FAÉCUM, c’est mieux représenter vos intérêts aux instances supérieures, notamment en matière d’aide aux étudiants. Entretenir des liens avec Com-Pol, c’est organiser un vins et fromages endiablé, apprécié de tous, démissionnaires ou non. Participer au Carnaval, c’est créer un sentiment de fierté au sein du bac.
L’entraide devrait être au cœur de la vie étudiante. Quand il y a un problème, il faut l’aborder. Nous ne connaissions pas les revendications de nos collègues et amis. Nous les avons appris en même temps que vous. La communication ne s’est jamais faite et les problèmes, à notre sens, auraient pu être réglés autrement.
Notre représentation n’a pas été parfaite. Elle ne peut pas l’être. Rencontrer individuellement les 397 étudiants de notre bac est un idéal intéressant, mais irréalisable. Nous faisons tout simplement de notre mieux pour vous défendre, à l’interne comme à l’externe. Nous avons passé d’innombrables heures de notre temps pour faire avancer l’AÉCUM : en créant un protocole de grève commun avec Com-Pol, en apportant des ajustements à notre charte, en organisant des événements diversifiés… en vous informant.
La démission en groupe n’a fait que créer des conflits au lieu de les régler.
Les élections commencent. Tous les postes sont en jeu. Pour l’année 2017-2018, l’association de communication aura un nouvel exécutif.
Chacun leur tour, les candidats se présentent pour obtenir votre vote. Certains sont stressés, d’autres plus confiants, mais tous ont le courage de se lancer dans quelque chose de franchement très beau : le merveilleux monde de l’implication étudiante. Un monde enrichissant qui est tout sauf sans importance.
Un candidat attire mon attention. Il s’agit de l’un de mes initiés (de l’équipe des gris!) de l’automne 2015 qui se présente aujourd’hui à la présidence.
Yllan Moglia a fait un travail incroyable tout au long de l’année aux communications. Il a entre autres été la voix de l’AÉCUM sur Facebook et Instagram. Notre porte-parole.
OK, il s’est fait des amis au sein de la FAÉCUM. Mais plus que tout, il était présent à chacun des événements de son association.
Vous êtes venus ne serait-ce qu’à un party, vous l’avez côtoyé.
Son discours ce soir est rassembleur et juste. Il a pris note des événements de la dernière semaine.
Derrière le bureau de secrétaire, je constate la frénésie circulant dans la salle, qui attend impatiemment les résultats. Une odeur de révolution se démarque. Celle-ci est plus que palpable.
J’entends surtout le mot « chaise » résonner à profusion dans tous les sens pour la première fois. À mes deux premières assemblées, je n’avais jamais entendu ce mot. Aujourd’hui, la salle, remplie d’étudiants de première année, le crie carrément. Et je vois la déception dans les yeux du candidat qui s’apprête à être bloqué par la majorité.
Le moment est important.
Vous avez choisi de ne pas élire de président. Vous avez choisi de vous priver d’une voix expérimentée et digne, qui aujourd’hui s’est retroussé les manches au lieu de se laisser détruire.
Le chapitre ouvert la semaine passée se referme donc abruptement et notre année, elle, se termine violemment.
La Communication n’est pas passée et elle a couronné une chaise à la place.
Heureusement, vous avez maintenant de nouveaux exécutants, motivés COMME JAMAIS. Ils devront s’entraider et surtout communiquer pour faire honneur à leur programme. ENSEMBLE, à leurs côtés, vous pourrez réaliser de grandes choses. Je vous le souhaite.