Le 27 septembre 2019, un demi-million de personnes marchaient pour le climat à Montréal. Bien que puissant, ce mouvement historique, décrit comme « le cri du cœur de toute une jeunesse » par Patrice Roy, semble aujourd’hui lointain et insignifiant.
La lutte pour le climat a été ranimée lors de la dernière campagne électorale, car le changement climatique s’est enfin retrouvé au centre du débat et des propositions politiques. Chacun des partis a eu donc la chance de faire ses preuves devant les cris d’une jeunesse militante de plus en plus essoufflée. Cela dit, aucune des propositions ne semblait être à la hauteur des attentes et des revendications qui se sont fait entendre.
Le jour du scrutin, on s’inquiète encore et on se demande pourquoi les élus n’agissent pas selon les demandes du public. Est-ce par manque de volonté? Par manque de ressources ou de courage politique? Comment pouvons-nous expliquer l’écart entre ce que prescrivent les scientifiques et ce que proposent les politiciens?
Le 22 septembre dernier, les journalistes de Rad se sont penchés sur la question. En voici un résumé :
De toute évidence, la transition écologique s’avère beaucoup plus complexe que ce qu’on le pense. Certes, elle passe par les changements au quotidien, mais également par une réforme majeure de notre système économique et politique. Louis Gilles-Francoeur, ex-journaliste spécialisé en environnement et ancien vice-président du Bureau d’audiences publiques pour l’environnement, énonce notamment qu’un des enjeux concerne le rôle du ministère de l’Environnement dans l’écosystème politique. Ce dernier détient très peu de pouvoir au sein de l’état et une minime parcelle du budget provincial comparativement aux autres ministères. Sa mission s’avère donc entravée soit par « manque des moyens, soit par une vision économique de courte vue », qui va à l’encontre de toute vision environnementale. Gilles-Francoeur propose ainsi de redéfinir le pouvoir du Ministère afin d’assurer la cohérence entre les priorités économiques de l’état et les objectifs écologiques.
De son côté, Luis Fernandez, ex-maire du Plateau-Mont-Royal, croit que l’inflation et la pénurie de main d’œuvre proviennent d’un besoin de surproduction et reflètent ainsi les habitudes d’une société de surconsommation : « On étouffe à cause du développement économique », dit-il. Il propose donc de construire le Québec différemment de façon à recréer des éléments de communauté, grâce à la consommation locale et à la densification urbaine. Cette mesure permettrait de réduire les émissions liées au transport et de protéger davantage des forêts et des paysages.
Finalement, la transition écologique incarne également des enjeux sociaux qui doivent être considérés lorsqu’on élabore des politiques climatiques. En effet, certaines personnes ne peuvent pas contribuer au mouvement par manque de ressources financières. La mobilisation des gilets jaunes, en France, en est un bon exemple. Les militants ont dénoncé la nouvelle taxe sur l’essence parce qu’il leur était impossible de se passer de leur voiture sans avoir des contraintes financières importantes. De même, au Québec, les résidents des régions et des quartiers plus éloignés risquent de souffrir davantage des politiques climatiques, soit par le manque d’infrastructures en transport collectif, soit par le manque d’accessibilité à la voiture électrique. « C’est pour ça que la question de la transition écologique est d’abord une question sociale », énonce Sophie Dubuisson-Quellier, présidente du conseil scientifique de l’agence de la transition écologique en France. Selon elle, ce sont des politiques interventionnistes qui permettront d’atteindre nos objectifs climatiques, notamment par la réforme du système de production, qui n’est viable économiquement que s’il produit des volumes importants.
Tous les experts s’entendent sur une chose : la transition écologique nécessite une plus grande vision politique et un gouvernement sensibilisé et volontaire qui fait de l’environnement un véritable projet de développement économique.
Selon moi, il est important de se rappeler que la lutte pour le climat n’est pas seulement une affaire politique, mais également une affaire sociale et individuelle. En tant que citoyens, n’avons-nous pas, nous aussi, le devoir de revoir notre façon de consommer et de vivre le plus possible en cohérence avec les objectifs écologiques ciblés ? Agir pour l’environnement nécessite, certes, une plus grande vision politique, mais également une réfection majeure de nos habitudes et de notre mode de vie occidental, qui nous amène bien souvent à vouloir rester endossés dans notre confort.
Thabata Schultz
Sources
Rad. (2022, septembre 22). Pourquoi les politiciens n’en font pas plus pour le climat? | Élections Québec | Rad. https://www.youtube.com/watch?v=Wvddknwp2A8
ICI.Radio-Canada.ca, Z. P.-. (s. d.). Environnement : Au-delà des GES, un florilège de propositions électorales | Élections Québec 2022. Radio-Canada.ca; Radio-Canada.ca. Consulté 7 octobre 2022, à l’adresse https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1918598/elections-quebec-environnement-partis