Ciné-campus : l’amour triomphe toujours !

De retour en ce mois de janvier avec une programmation aussi éclectique que passionnante, le Service à la vie étudient de l’UDEM a mis à l’honneur le cinéma québécois et francophone. Jonglant entre comédie et thriller, le ciné-campus a porté  son dévolu sur le thème de l’Amour. 

Simple comme Sylvain : quand l’amour s’enflamme

« L’amour, c’est la seule valeur universelle ». Ces quelques mots reflètent parfaitement le propos de cette comédie romantique créée par la réalisatrice québécoise, Monia Chokri. Nominé aux César dans la catégorie « Meilleur film étranger », ce film retrace l’histoire de Sophia, professeure de philosophie, vivant avec Xavier, professeur en sciences politiques et avec qui elle forme un mariage en apparence prospère, mais qui s’est laissé consumer par la monotonie du quotidien. En quête du chalet de leur rêve, Sophia fait la rencontre de Sylvain, charpentier et aux antipodes de Xavier. Viril, charnu, passionnel et manuel, il fait comme l’effet d’une tornade dans la vie de Sophia. Se laissant porter par son désir, par cette flamme ravivée, une idylle extra-conjugale commence et brise toutes ces certitudes bâties au fil des années. Des doutes, des questionnements, des inquiétudes fusent dans l’esprit de Sophia. La notion d’amour est passé sous crible et traverse de nombreux tumultes. Son mariage moderne et platonicien semblait voué à s’éteindre. La distanciation charnelle entre Xavier et Sophia installait une forme d’anti-séduction et les éloignait petit à petit. Sylvain est simple, Sylvain est brut de décoffrage, mais Sylvain est plein d’amour. Son arrivée interroge tout ce que la professeur de philosophie concevait de l’amour et de la vie. Confronté à un tout autre monde, ce choc la renvoie à la conception de Spinoza qui distingue le désir de l’amour. Dans ce long-métrage, les plans choisis et leur dynamiques mettent les personnages et l’amour au centre de l’image. L’esthétique emprunte au romantisme cinématographique. On se laisse entrainer dans ce cadre pittoresque des grandes forets canadiennes. La musique nous berce dans ces longues sérénades langoureuses. Ce film est une réelle épopée dans le sujet universel et si complexe que représente l’amour. En passant par plusieurs conceptions philosophiques, le film replace l’amour comme un acte conscient et comme le moteur principal de notre humanité.


Vampire humaniste recherche suicidaire consentant : se faire un sang d’amour

Que de paradoxe dans cette comédie mêlant de l’horreur non-consentie à de l’humanisme revendiquée. Ce film retrace l’histoire de Sasha, une vampire adolescente incapable de tuer, ne serait-ce que pour survivre. Traumatisée et bien trop empathique pour faire du mal à autrui, elle éprouve beaucoup de mal à se trouver. Vrai OVNI de compassion dans une famille de vampire sanguinolents, on lui force la main, jusqu’à lui coupe les vivres. Ici, les vivres correspondant à des poches de sang, eau de vie pour vampire. Pourtant, un miracle semble tombé du ciel : Paul, adolescent en proie, à des tendances suicidaires et est réellement fatigué de vivre. De là, entre gêne et mélancolie, s’opère une rencontre à leur image : timide et émouvante. Prêt à se livrer à Sasha pour mettre fin à ses jours, une intimité nait autour de la musique et de leur fatigue existentielle. La réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize parvient à combiner une esthétique sombre avec des souvenirs de films pour adolescents dans une réussite audacieuse. La fusion entre une comédie cynique et une horreur décomplexée. Sur des notes de piano jazzy et des dialogues drôles et assez justes, elle y explore des thèmes liés à la nature humaine, voire surhumaine. Le film retrace cette quête vers l’acceptation de soi et redonne espoir à quiconque perdrait foi en la vie ou voudrait s’hydrater d’hémoglobine…


Anatomie d’une chute : l’effondrement d’un amour

Dans ce drame judiciaire réalisé par Justine Triet, on y suit l’histoire de Sandra Voyter, auteure allemande à succès qui est accusée de la mort de son mari, Samuel Maleski, ancien professeur à Londres et également écrivain à ses heures perdues. Ensemble, ils ont un enfant, Daniel, qui, à la suite d’un accident, est devenu aveugle. Pour un retour au source, la famille suit Samuel dans son village natal et achète un chalet. Un matin, alors que Daniel se promenait avec son « super-chien », comme dirait son père, et que Sandra se reposait, Samuel serait tombé du grenier alors qu’il procédait à des travaux sur la toiture. De là, commence un réel décryptage d’un mariage qui renfermait tant de failles, de rancunes et de non-dits. Présumée coupable du meurtre de son mari, Sandra voit toute sa vie intime subir une autopsie aussi détaillée que douloureuse. Accusée d’être une mauvaise mère, infidèle ou encore obnubilée par sa carrière, rien n’est mis de coté pour l’accuser de la mort de Samuel. Accablée de toute part par l’accusation, ce procès retrace sans aucun filtre tout ce qui a mené à la chute d’un amour qui les avait pourtant liés. Durant le procès, Daniel, âgé de seulement 10 ans, se révèle déterminant tant par sa position de seul témoin que par sa maturité et sa sensibilité mise à rude épreuve. La force de cet enfant se révèle être la force de son amour pour sa mère. Au centre de rancunes entre ses parents , il a dû se construire dans un tumulte permanent. Ainsi, la trame scénaristique du procès est parfaitement mise en image par des capsules intimes et poignantes de leur intimité et nous tient en haleine jusqu’à la décisions finale. Palme d’Or du festival de Cannes en 2023 et primé à deux reprises aux Golden Globes , le film de la réalisatrice française continue de tout rafler en ce début d’année. En lice pour la 96ème cérémonie des Oscars, « Anatomie d’une chute » a été nominé dans 5 catégories : Oscars du meilleur scénario original, de la meilleure réalisation, du meilleur film, de la meilleure actrice et du meilleur montage. Une réelle prouesse à la hauteur de chef-d’œuvre scénaristique.

Après un mois déjà bien rempli, il reste un dernier rendez-vous pour les cinéphiles de l’UDEM. Ce 30 janvier, le thriller « Les chambres rouges », réalisé par Pascal Plante, sera le clou du spectacle de cette programmation mensuelle. Le réalisateur prendra part à une « Ciné-causerie » et répondra aux questions des spectateurs. Ce long-métrage retrace l’histoire de Kelly-Anne, obsédée par l'affaire très médiatisé du présumé meurtrier de trois adolescentes. Surnommé « le démon de Rosemont », il sévissait sur le darkweb. L'obsession de Kelly-Anne pour cette sombre affaire mettra-t-elle en péril sa santé mentale ?

À vos tickets !

—> https://culture-umontreal.tuxedobillet.com/main/les-chambres-rouges


Abdel Saber Sadou

Bibliographie :

Agence France Presse. (2023). « Festival de Cannes : Anatomie d’une chute, de Justine Triet, remporte la Palme d’or ». Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1982591/film-realisatrice-francaise-prix-cinema

 

France 24. (2024). « Cinéma : "Oppenheimer" triomphe aux Golden Globes, "Anatomie d'une chute" se distingue ». France 24. https://www.france24.com/fr/culture/20240108-cin%C3%A9ma-le-film-anatomie-d-une-chute-remporte-deux-golden-globes

 

Francois Becker. (2024). Objectif Oscars pour Anatomie d’une chute. La Presse. https://www.lapresse.ca/cinema/2024-01-08/apres-les-golden-globes/objectif-oscars-pour-anatomie-d-une-chute.php