« Renversons le poids de la précarité »

Une campagne pour les étudiants

Le vendredi 15 novembre 2024, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l’Union étudiante du Québec (UEQ) et plusieurs associations étudiantes de l’Abitibi-Témiscamingue ont uni leurs forces pour lancer la campagne nationale « Renversons le poids de la précarité ». Cette initiative, qui regroupe plus de 200 000 étudiants à travers le Québec, propose des solutions concrètes pour réduire les difficultés financières auxquelles font face les étudiants.

Des solutions pour un avenir meilleur

Trois axes principaux sont mis de l’avant dans cette campagne :

  1. Rémunérer les stagiaires

  2. Actualiser l’aide financière aux études (AFE)

  3. Subventionner les initiatives contre l’insécurité alimentaire

Ces propositions visent à alléger le poids de la précarité qui touche étudiants et étudiantes, notamment dans des domaines comme l’enseignement, la psychoéducation, les soins de santé ou encore le travail social. Ces secteurs d’études incluent souvent des stages non rémunérés, ce qui accentue la pression financière sur les étudiants.


Des témoignages qui révèlent l’ampleur du problème

Maël De Luca, étudiant en enseignement à l’UQAM pour devenir professeur d’art, partage son expérience :

« Mon stage n’est pas payé, donc je dois travailler tout l’été pour réussir à subvenir à mes besoins pendant les sessions chargées. Malgré tout, je suis obligé de travailler un jour par semaine durant la session, sinon je n’y arriverais pas à cause des dépenses. » 

Il explique également que, malgré la bourse Perspective de 2 500 $ qu’il reçoit, il n’a pas accès à d’autres formes d’aide financière, car les revenus de ses parents sont jugés trop élevés par l’AFE. Cependant, ses parents ne l’aident pas du tout financièrement, ce qui le place dans une situation précaire où il doit jongler seul avec ses responsabilités académiques et financières.

Florence Lacroix à l’Université Laval, qui se spécialise en psychoéducation décrit une réalité similaire :

« Mes stages n’étaient jamais payés, même si je travaillais presque autant que les TES. Je rentrais épuisée de mes journées de stage et devais encore travailler les fins de semaine pour avoir un revenu. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai pas les moyens de déménager. »

Julie Tremblay, étudiante en sciences infirmières à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), reçoit de l’aide de l’AFE pour subvenir à ses besoins pendant ses études. Elle partage son expérience :

« Sans l’AFE, je ne pourrais pas me concentrer sur mes études. Je reçois une combinaison de prêt et de bourse qui m’aide à payer mon loyer, mes manuels scolaires et mes dépenses quotidiennes. Cela dit, ce n’est pas suffisant pour tout couvrir. Même avec l’aide, je dois travailler 15 heures par semaine dans une épicerie pour combler les écarts. C’est épuisant, surtout pendant les périodes d’examens. »


Julie souligne également que la formule de calcul de l’AFE, basée sur les revenus familiaux, n’est pas toujours juste :

« Mes parents gagnent un bon revenu, mais ils ont aussi d’autres dépenses importantes et ne peuvent pas m’aider autant que le gouvernement semble le penser. Même avec l’aide financière, je dois faire des sacrifices et jongler avec plusieurs responsabilités. »

Elle espère que des ajustements seront faits pour mieux refléter la réalité des étudiants et alléger leur fardeau financier.

Les conséquences de la précarité étudiante

La précarité financière chez les étudiantes a des répercussions significatives sur leur bien-être et leur parcours académique. Selon une enquête de l’Union étudiante du Québec (UEQ), 52% des étudiants évaluent leur santé psychologique entre « très faible » et « moyenne », illustrant le stress constant lié à leurs finances. De plus, 26% des étudiants occupent un emploi de plus de 20 heures par semaines, ce qui peut nuire à leur concentration sur les études. Par ailleurs, 64,6% ne reçoivent pas d’aide financière parentale pour leurs frais de scolarité, augmentant ainsi leur dépendance à des emplois rémunérés. Ces conditions précaires forcent même certains étudiants à rester chez leur parent plus longtemps que prévu, retardant leur autonomie et leur indépendance financière. 

Vers un changement nécessaire

La campagne « Renversons le poids de la précarité » espère attirer l’attention des décideurs politiques et des institutions sur ces enjeux pressants. Rémunérer les stages, ajuster l’AFE et investir dans la lutte contre l’insécurité alimentaire sont des pas essentiels pour garantir aux étudiants un parcours universitaire plus équilibré et moins stressant.

L’éducation est un pilier fondamental de la société, et les étudiants doivent être pris au sérieux. Ils ne sont pas paresseux. Ce sont des étudiants qui jonglent avec des responsabilités énormes pour bâtir leur avenir. En s’attaquant à ces problèmes, le Québec peut espérer former une génération d’adultes autonomes, prêts à relever les défis de demain.

En attendant, les étudiants continuent de porter ce poids, en espérant que leurs voix soient entendues.


Maxime Gravel


Bibliographie :