L’anxiété est une émotion ou un trouble qui touche énormément de personnes dans le milieu universitaire. C’est aussi un sujet dont on ne parle pas beaucoup, selon moi pas assez. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire un article sur le sujet tout en profitant de cette occasion pour m’adresser à tous ceux et celles qui sont aux prises avec l’anxiété ou un trouble anxieux.
J’ai personnellement commencé à ressentir des symptômes d’anxiété vers la fin de mes études collégiales. Toutefois, c’est au début de mes études universitaires que les symptômes sont devenus si forts et omniprésents que j’avais de la difficulté à fonctionner : difficultés à respirer, palpitations, gorge et poitrine serrées, vertiges, peur de devenir folle, crises de panique, etc. Ces sensations m'accompagnaient au quotidien et c’était devenu insupportable. J’avais l’impression d’être dans un cauchemar duquel je ne pouvais pas me réveiller. Ma détresse était si grande que mon seul et unique but était de me débarrasser de cette chose, cet envahisseur qui m’occupait.
Mais je refoulais cette détresse et je n’en parlais pas. Après m’être auto-diagnostiquée des dizaines de fois sur le site « WebMD » et sur une tonne de blogues de santé, je me suis rendue à l’évidence que je souffrais d’anxiété. Mais j’avais honte. J’avais si honte que je n’osais même pas en parler à mes proches. Je me jugeais moi-même, je me posais mille et une questions à savoir pourquoi ça m’arrivait : « pourquoi maintenant », « pourquoi moi », « qu’est-ce que j’ai fait de mal pour en arriver là »? Je lisais plusieurs ouvrages sur l’anxiété pour comprendre cette bibitte-là et savoir comment je pouvais faire pour m’en débarrasser.
Puis, j’ai décidé d’en parler peu à peu à ma famille, mes amies et amis. Je suis allée chercher de l’aide auprès de certains professionnels. Je me suis abonnée à un centre de méditation. Je me suis inscrite à un groupe d’entraide. Avec le temps, en essayant des outils différents, j’ai commencé à sortir peu à peu de ma détresse. Une journée à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois.
Je sais, ce n’est pas facile. Par moments, c’est même insupportable. Ça peut être si souffrant. On se demande : « pourquoi moi »? On ressent un énorme sentiment d’injustice, on a honte, on se culpabilise. Parfois, on se rend même jusqu’à se demander à quoi bon continuer de vivre. Mais, à travers tous ces maux, aussi insoutenables et infernaux soient-ils, il y a toujours une raison à laquelle s’accrocher, il y a toujours une lueur d’espoir. Vous ne la voyez peut-être pas dans le moment, mais elle est là. Je sais, il y a des moments où vous vous sentez comme si vous étiez en train de vous noyer et que vous étiez incapable de saisir l’air à la surface. Mais je vous le promets, l’air reviendra tôt ou tard. Et il sera tellement le bienvenu! La détresse aura laissé place au calme.
Il n’y a pas de recette miracle. Il n’y a pas une bonne méthode à suivre pour « s’en sortir ». Nous sommes tous différents. Pour certains, l’anxiété est une émotion comme une autre. Pour d’autres, l’anxiété est une condition ou un trouble avec lequel ils doivent composer chaque jour (trouble obsessionnel compulsif, trouble panique, trouble anxieux généralisé, phobie sociale ou spécifique, etc.). Les manifestations de l’anxiété sont différentes chez tout le monde. Les outils pour s’en alléger aussi. Pour certains, la médication sera nécessaire alors que pour d’autres, les méthodes dites « naturelles » (respiration abdominale, relaxation, sport, méditation, yoga, visualisation, etc.) seront suffisantes.
Mais je crois tout de même qu’il y a des vérités qui peuvent s’appliquer à nous tous et à nous toutes. Après avoir essayé les retraites de yoga et de méditation, les exercices physiques intenses, les changements alimentaires drastiques, les innombrables lectures et j’en passe, je me suis rendue compte que j’étais dans une lutte constante contre l’anxiété. Je n'acceptais pas ma situation et je tentais de la fuir. Mais surtout, j’étais dans une quête du bien-être absolu. J’étais devenue perfectionniste pas seulement à l’école ou dans le sport, mais bien dans ma gestion de l’anxiété. Oui, cette quête de bien-être m’a permis de trouver des outils qui m’aident au quotidien. Mais, ce que les dernières années m’ont permis de constater, c’est que plus on refuse et plus on lutte contre la souffrance psychologique, plus celle-ci gagne en puissance. Et plus on vise le bien-être absolu, moins on le trouve.
COMPASSION. AMOUR. DOUCEUR. BIENVEILLANCE. Acceptation. Lâcher prise. Conscience de l’impermanence des choses. Se détacher. Laisser le temps faire les choses. Faire confiance à la vie. Je suis convaincue que ce sont ces attitudes qui me permettent encore de passer à travers les moments les plus difficiles, bien plus que toutes les techniques de respirations, les tisanes, les séances de sport ou de yoga, plus que toutes les « techniques de bien-être ». Comme écrit Florence K dans son merveilleux article (http://florencek.com/blog/les-limites-du-bien-etre/) : « le bien-être doit se tenir loin de la culpabilité. S’ils se prennent la main, quelque chose ne tourne pas rond ». Cela veut dire de s’aimer, peu importe nos rendements scolaires, sociaux, sportifs, etc. Cela veut dire de ne pas se culpabiliser si on ne s’est pas entraîné trois fois cette semaine, si on n’a pas étudié comme on le voulait, si on n’a pas mangé « super santé » aujourd’hui ou si on a refusé une invitation parce que ça ne nous tentait pas. Cela veut dire de se rappeler que l’on est humain et que c’est normal de faire des erreurs, tout comme c’est normal de ressentir des émotions négatives et de la douleur. Cela veut dire de se parler à soi-même comme si l’on parlait à un meilleur ami, c’est-à-dire avec compréhension, indulgence, amour et bienveillance. Cela veut dire de se pardonner lorsque l’on commet des erreurs. Cela veut dire de se faire des petits cadeaux comme de prendre des pauses et de se donner du temps pour faire ce qui nous fait du bien.
Ah oui, une dernière chose. Vous n’êtes pas votre anxiété. Vous êtes VOUS. Une personne unique et extraordinaire qui ressent, de temps à autre et à différents degrés, une émotion qui s’appelle l’anxiété. Cette émotion, peu importe l’espace ou la puissance qu’elle peut prendre, ne diminue en aucun cas votre valeur comme personne, au même titre que vos résultats scolaires, le nombre d’amis que vous avez ou le nombre de likes que vous recevez sur vos photos Instagram. Vous avez une valeur intrinsèque qui ne dépend pas de vos accomplissements extérieurs et de vos pensées, émotions et sensations. Vous êtes vous et vous êtes tous et toutes magnifiques. Soyez fières d’être vous et aimez-vous…
Je vous aime,
Laurie