Une de perdue, dix de retrouvées 

Comprendre quand c’est trop tard

« Au Canada, on estime qu’une femme est tuée tous les deux jours et demi. En 2020, cela représente le meurtre de 160 femmes. » (RADIO-CANADA, 2021) Cela veut donc dire qu’une femme sur deux sera tuée parce qu’elle est femme, et plus particulièrement, dans des cas de violence conjugale.

En effet, l’année dernière, soit le 19 octobre 2021, Romane Bonnier, âgée de 24 ans, a perdu la vie poignardée dans les rues de Montréal par son ex-colocataire, un cas supplémentaire de violence contre la femme. À la suite de cet avis de décès, Denis Coderre, candidat à la mairie de Montréal, est venu affirmer que ce meurtre est bel et bien « un féminicide, le 17e au Québec depuis le début de l’année ». (FERAH & OUELLETTE-VÉZINA, 2021) Cette attestation vient donc nous dire qu’il y a eu un minimum d’un féminicide par mois depuis 10 mois ; un chiffre beaucoup trop lourd.   

Dans cette même lancée, plusieurs personnalités politiques se sont elles aussi prononcées sur le sujet. Des exemples de cela seraient Mme Guilbault, ministre de la Sécurité publique, proposant un plan d’urgence lancé en avril dernier pour essayer de contrer le problème, ou encore notre mairesse Valérie Plante dénonçant, une fois de plus, cette violence gratuite puisque « les féminicides doivent cesser immédiatement » (FERAH & OUELLETTE-VÉZINA, 2021), et ce à tout prix.

La femme se tient droite aussi

Ce sujet s’incruste de plus en plus dans les conversations, et ce d’année en année, et malheureusement pas toujours pour de bonnes raisons. Voilà pourquoi des femmes ont décidé de tenir une manifestation contre la violence conjugale et les féminicides, ce 17 octobre 2022. En effet, cette marche avait comme but de réclamer des bracelets anti-rapprochements puisque que Christine Giroux, ex-victime, mais aussi porte-parole de la manifestation, affirme « que cet appareil ne puisse pas être installé au Québec sur des hommes violents condamnés à plus de deux ans de prison, en vertu de la loi fédérale » (PILON, 2022).  

Tout devient dès lors paradoxal lorsque l’on entend que le gouvernement veut mettre en place des plans qui, en bout de ligne, n’aboutissent pas puisqu’ils ne sont jamais totalement finalisés. En plus d’ajouter à cela que la loi se voit donc être en quelque sorte en faveur des bourreaux, car avec le nombre de cas titrés comme faisant partie du groupe des féminicides, il devient justifiable de faire porter, ne serait-ce qu’un an, un tel bracelet. Cela qui permettrait aux femmes d’être un peu plus tranquille et leur assurerait aussi une sécurité. Les femmes ont elles aussi le droit de se tenir droites et de marcher sans avoir à baisser la tête et sans devoir toujours vérifier si quelqu’un les suit.

Une vie à part entière

Je me permets donc de mettre l’accent sur le fait que les sujets tels que les féminicides ou encore les violences conjugales sont souvent enterrées sous terre (balayés sous le tapis?). En effet, en septembre de cette année, une jeune maman de 29 ans a été déclaré comme étant le « huitième féminicide à survenir au Québec en 2022. » (ROBIDASS, 2022) Cette dernière avait réussi à faire arrêter son mari, mais lors de sa remise en liberté, ce dernier est venu la retrouver pour finir ce qu’il avait commencé. Cette histoire vient s’ajouter à celle de milliers de femmes qui craignent pour leur sécurité, et ce, même après avoir réussi à avoir une intervention policière.

Voilà pourquoi la population, que ce soit au travers de manifestions ou encore au travers d’articles, demande « aux différents partis de s’engager vers la création d’un ministère des Droits des femmes et de l’égalité disposant de la structure, du personnel, des ressources et de la plateforme nécessaires pour s’acquitter de son mandat, comparativement au secrétariat à la condition féminine qui a historiquement vu ses leviers décisionnels limités. » (LEMELTIER, 2022) Allons-nous devoir attendre qu’une autre femme perde sa vie aux dépens d’un manquement aussi facile à régler?

Si vous vous êtes reconnu dans cet article, sachez que vous n’êtes pas seul. Pour ceux et celles qui seraient sensible à ce sujet, connaissant une victime de violences conjugales, ou vivant une telle situation, il est important de venir chercher de l’aide. SOS violence conjugale (https://sosviolenceconjugale.ca/fr) peut être un excellent début lors de ce cheminement courageux, offrant de nombreux services.

Mégane E. English

Sources

Radio-Canada. (2021, 1 avril). Qu’est-ce qu’un féminicide? Radio-Canada https://ici.radio-canada.ca/jeunesse/maj/1781852/qu-est-ce-qu-un-feminicide?utm_source=Google&utm_campaign=AO-SEM&utm_medium=cpc&utm_term=JEUNESSE&utm_content=generique-MAJ

Ferah. M, Ouellette-Vézina. H. (2021, 20 octobre). Poignardée à mort, son ex-coloc accusé. La Presse https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2021-10-20/26e-meurtre-a-montreal/poignardee-a-mort-son-ex-coloc-accuse.php

Pilon. F. (2022, 22 octobre). Manif contre la violence conjugale: « Arrêtez de nous tuer, faut que ça s'arrête! ». Journal de Montréal https://www.journaldemontreal.com/2022/10/22/manif-contre-la-violence-conjugale--arretez-de-nous-tuer-faut-que-ca-arrete

Robidas. P. (2022, 9 septembre). 8e féminicide au Québec : la victime aurait demandé de l’aide avant d’être assassinée. Radio-Canada https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1912615/feminicide-quebec-demande-aide-meutre-conjoint-violent

Lemeltier. S. (2022, 20 septembre). L’indignation ne doit pas cesser face aux féminicides. Le Devoir https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/757042/libre-opinion-l-indignation-ne-doit-pas-cesser-face-aux-feminicides