D’une tradition à la modernité : les Routes de la Soie

Depuis plus d’un siècle maintenant, le terme « Routes de la Soie » est utilisé régulièrement dans notre quotidien, que ce soit dans le secteur académique, dans le milieu culturel ou encore dans les médias. Cette formule illustre à elle seule, l’émerveillement de la rencontre entre l’Orient lointain et un autre monde.

A l’origine de ce projet, s’impose le grand pays chinois. En 2001, ce dernier adhère à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Il attire un grand nombre d’entreprises étrangères pour sa main d'œuvre peu chère et nombreuse ainsi que ses zones économiques spéciales qui permettent des avantages fiscaux aux entreprises qui s’y installent. De nos jours, ce géant commercial est connu sous le titre « d’usine du monde ».

La route de la soie traditionnelle

La route de la soie traditionnelle est un réseau de marchandises reliant la Chine, le Moyen Orient et l’Europe. Son nom vient de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie. Cependant, ce corridor ne permet pas seulement des échanges commerciaux, mais également le transfert de croyances religieuses, de connaissances scientifiques, d’innovations technologiques ainsi que de pratiques culturelles et artistiques. Ce chemin traditionnel se place donc comme le nid du soft power et hard power chinois.

Cette route, qui monopolisait les échanges Est-Ouest pendant des siècles, s'est principalement développée sous la dynastie Han, régnant de 206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C. Ses autres périodes d’apogée furent sous la dynastie Tang, de 618 à 907, puis durant la paix mongole, au XIIIe siècle.

Nouvelle route de la soie 

La nouvelle route de la soie terrestre fait partie d’une stratégie de domination économique, diplomatique et politique qui cherche à créer le “Rêve Chinois”, inspiré de « l’American Dream ». Cette proposition souhaite redessiner la mondialisation en la recentrant autour du continent Eurasiatique autour, notamment, des intérêts chinois. Le projet est présenté pour la première fois par le président Xi Jinping en 2013, lors d’une conférence au Kazakhstan. Il concerne 65 pays différents, 60% de la population mondiale et 1/3 du PIB mondial. L’objectif de cette initiative est de créer des routes maritimes caractérisées par les achats de ports dans des endroits stratégiques. La Chine pense également construire des routes terrestres, notamment ferroviaire afin d'éviter les détroits stratégiques que les chinois n’ont pas, comme le canal de Suez, de Malacca ou encore d’Ormuz. Ce programme s’accompagne du positionnement de bases militaires chinoises éparpillées sur le globe terrestre.

65 pays différents

60% de la population mondiale

1/3 du PIB mondial

Afin de créer, aux quatre coins du monde, ces infrastructures stratégiques permettant d’accueillir les échanges, le géant chinois distribue des crédits financiers aux pays concernés. Cependant, ces prêts sont octroyés avec des taux d’intérêt ridiculement hauts et de nombreux Etats se retrouvent pris aux pièges en ne pouvant pas les rembourser. Pékin s’approprie donc ces infrastructures en guise de remboursement, étendant alors son influence sur l’entièreté du globe et s’implantant dans de nombreux pays.

Ce projet est un outil qui cherche à accroitre la puissance économique chinoise, en plaçant le pays au centre des échanges. C’est également le symbole d’un pouvoir politique fort, souvenir de la puissance chinoise ancestrale durant l’Empire. Finalement, ceci va servir le soft power chinois qui verrait sa culture être diffusée au sein du monde entier.

La nouvelle route polaire de la soie

Il est nécessaire de préciser que le projet des nouvelles routes de la soie ne s’arrête pas simplement aux routes maritimes traditionnelles. En effet, l'Arctique offre de nouvelles perspectives commerciales entre Europe et Asie. Au sein de cette région polaire, il existe deux passages, la route nord-ouest qui longe les frontières maritimes canadiennes, ainsi que la route du nord-est passant par les côtes russes. Cette dernière a davantage de potentiel, notamment dans le but de devenir la « Nouvelle Route de la Soie Polaire. »

Cet espace, situé loin des frontières chinoises, est néanmoins très convoité et stratégique. Riche en réserves d'hydrocarbures, il représente 20% des réserves mondiales conventionnelles de gaz naturel et 10% de pétrole. Ce lieu pourrait alors devenir une voie majeure pour le transport maritime en cas de fonte suffisante des glaces dans la zone. La Russie dépense des milliards de dollars dans les infrastructures portuaires et du matériel de contrôle afin d’accroître sa domination sur cette région.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Chine reste un des seuls pays ne sanctionnant pas économiquement la Russie. Ce choix va lui permettre d’être en situation de domination pouvant pousser la Russie à accepter une coopération sur cette route stratégique ; une opération à surveiller.