Quand l'horreur tue

Publié en 2003, Brûlée vive, est un livre dans lequel Souad, un pseudonyme utilisé par une femme d’origine palestinienne, raconte comment sa famille a tenté de la tuer pour avoir « salit leur honneur » en tombant enceinte hors mariage. Condamnée à être brûlée vive par son beau-frère, elle survit miraculeusement à ce crime d’honneur. Ce témoignage bouleversant met en lumière une violence tragique, perpétrée au nom d’une notion d’honneur mal comprise et souvent toléré par l’inaction des autorités.

 

Un crime d’honneur est un acte de violence, souvent meurtrier, commis par un membre de la famille contre un autre membre, généralement une femme, sous prétexte qu’elle a déshonoré la famille par son comportement (Hostalier, 2014, p.62). Ces comportements incluent le refus d’un mariage arrangé, l’accusation d’adultère, ou tout autre conduite perçue comme portant atteinte à l’honneur familial.

 

Contrairement à certaines croyances, les crimes d’honneur ne trouvent aucun fondement dans le Coran ni dans les enseignements islamiques. Le Coran prône la justice, le respect de la vie humaine, et interdit formellement le meurtre. Pourtant, ces actes sont parfois justifiés à tort par des interprétations culturelles ou des traditions locales, ce qui montre que ces pratiques n’ont rien à voir avec la religion, mais plutôt avec des normes patriarcales enracinées (Schwab, 2013, p.252).

 

Dans plusieurs régions où les crimes d’honneur se produisent, l’État tend à ne pas intervenir dans ce qui est perçu comme relevant de la sphère familiale ou privée. Cela crée une tolérance implicite envers ces crimes, puisque la famille est souvent vue comme la gardienne de l’honneur. De plus, des lacunes dans les lois ou une application faible de celles-ci permettent à de nombreux coupables de s’en sortir avec des peines légères, ou même sans conséquence. Dans son récit, Souad mentionne comment après l’attaque, personne dans sa communauté n’a cherché à lui apporter de l’aide ni à condamner ouvertement ce geste. Ce silence autour de la violence qu’elle a subie reflète l’acceptation tacite de telles pratiques. Ce n’est qu’avec l’intervention d’une organisation humanitaire suisse qu’elle a pu être secourue, soignée et finalement protégée.

Il faut briser le silence.

Maxime Gravel

Références :

  • Pavlowsky, A. (2006) . Les crimes d'honneur en Palestine. Confluences Méditerranée,

  • Schwab, A. (2013). La pratique du crime d’honneur : entre mythe et réalité. Université de