Critique à l’emploi

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Mon parcours universitaire tire à sa fin. Bien que je devrais être enjouée face à cette perspective, c’est plutôt l’anxiété qui m’habite. Vais-je trouver un emploi qui me fait vibrer ? Suis-je capable de m’adapter à la vie d’adulte qui se présente à moi ? En discutant avec mes amies et collègues universitaires, j’ai vite compris que je ne suis pas la seule dans ce bateau. La perspective d’avoir une vie complètement nouvelle vient en tourmenter plusieurs d’entre elles aussi. Je crois que ce sentiment est toutefois normal et est causé par les défis et les enjeux qu’amène le fait de franchir la porte vers le marché du travail. J’ai donc pensé faire le portrait de quelques-uns de ceux-ci, pour démystifier ce sentiment et potentiellement changer notre vision de voir la chose.


Attentes déraisonnables 

Le premier enjeu qui saute aux yeux lors de la recherche d’un premier emploi est le niveau de compétition. Avoir plus de 100 personnes qui appliquent au même poste sur LinkedIn, cela peut être démotivant. Il faut toutefois prendre sur nous et écrire une belle lettre de motivation qui n’aura, la plupart du temps, aucun retour de la part de l’employeur. Lors de mes recherches de stage, les employeurs demandaient souvent des connaissances spécifiques de certains logiciels ainsi qu’une autonomie rapide puisqu’ils n’ont pas beaucoup de temps à accorder à la formation du stagiaire. Pourtant, faire un stage est censé être une première expérience de travail dans le domaine étudié, qui est riche en apprentissages et qui requiert un certain encadrement dans la mise en application de ses connaissances. Il est donc impossible qu’un stagiaire connaisse toutes les réalités du terrain professionnel sans jamais y avoir mis les pieds. Dans le même ordre d’idées, les emplois qui nous sont proposés lorsqu’on sort de l’université demandent souvent plusieurs années d’expérience. Toutefois, si nous n’avons pas fait de stage dans notre parcours universitaire (comme moi !), très peu d’endroits nous prennent en considération malgré nos nombreuses autres compétences. Pourquoi ne pas rencontrer la personne tout de même et miser sur ses capacités interpersonnelles ? Plusieurs pourraient être surpris de la qualité de main-d’œuvre qu’ils esquivent. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui se doit d’être brisé à un moment rapproché. 


Conciliation travail-vie personnelle

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Un autre aspect qui peut être anxiogène est la peur de perdre la conciliation travail et vie personnelle tant chérie de la communauté étudiante. Nous sommes habitués à choisir nos horaires d’école pour que celles-ci soient convenables à un mode de vie qui nous soit adapté. La conciliation travail et vie personnelle, en 2024, est un aspect que les candidats valorisent grandement. Cela fait quelques années, suite à la Covid-19, que les employeurs offrent de faire le poste complètement en télétravail ou en travail hybride. Cet aspect, pour les personnes qui ont une famille ou qui habitent loin du travail, est très alléchant et peut faire la différence dans le choix entre deux postes. Charlotte Fortin, directrice de recherche chez Léger et coresponsable de l’étude Jeunesse, mentionne qu’autant les Z que les millénariaux vont parler du salaire comme du premier facteur qui va expliquer leur mobilité (Larsimont, 2024). Une rémunération adaptée aux études que le candidat a faites est nécessaire en 2024. Le prix de la vie courante étant exponentiel, il s’agit d’un besoin pour celui-ci. 


Générations différentes

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Ce qui peut sauter aux yeux, lors d’une entrée en poste, est la pensée générationnelle profondément différente. « Les travailleurs qui ont joué du coude en arrivant dans un marché du travail saturé par les baby-boomers ont toutes les raisons d’envier la situation de leurs plus jeunes collègues. Leur liberté, leurs possibilités, leurs exigences, leur front, parfois. C’est peut-être bien ce sentiment, au fond, qui est maladroitement exprimé dans les critiques qu’on lit et qu’on entend » (Fournier et Thériault, 2022). Effectivement, les critiques reliées au travail des jeunes que l’on peut entendre du bouche-à-oreille dans les institutions organisationnelles sont occasionnellement négatives et empreintes de mépris. Ces collègues devraient plutôt mettre leurs biais de côté et essayer de se comprendre mutuellement, ce qui donnera un travail collaboratif certainement plus fortuit. De plus, les employés requièrent, dorénavant, de travailler des heures normales. Overtime ? Pas ici ! Ou du moins, pas sans être payé à sa juste valeur. Cette perspective pourrait engendrer des conflits entre les employés de plus longue date. Il s’agit toutefois d’une réalité à laquelle l’employeur se doit de s’ajuster.


Quelques conseils 

Un conseil que Steeve Lavoie, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, mentionne est de rester à l’affût et de savoir s’adapter aux nouvelles technologies, par exemple celles qui entourent l’intelligence artificielle, aux changements économiques et aux évolutions sociales (2024). Après avoir fait plusieurs recherches d’emploi qui ne s’avèrent pas toujours fructueuses, il est important de rester indulgent envers soi-même. Cela peut prendre quelque temps avant de trouver votre emploi idéal, ce qui est tout à fait normal. Il faut toutefois se rappeler que l’entrée sur le marché du travail est un pas de géant et demandera une adaptation certaine, peu importe le milieu professionnel. Un petit plus serait de créer un portfolio avec les réalisations de votre parcours académique. Même si vous avez peu d’expérience professionnelle, cela montre vos compétences et expertises dans votre domaine et ne passera certainement pas inaperçu de l’employeur. 

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Écrit par Janie Leclerc



Sources 

Fournier, M. et Thériault, W. (2022, 5 juin). Et si les jeunes avaient raison ? La Presse. https://www.lapresse.ca/contexte/2022-06-05/marche-du-travail/et-si-les-jeunes-avaient-raison.php?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR1fqKYB4EwcMN1klJu0dKAUYwgvY3mxWCFNNzM-wg4CyKzuhchOVPT4EhE_aem_ATqFFcdboWrsPJnJxI2nnMuhB9fnZsATzYKPwWMhQxc1XHJM8jYYZOsF8_a_VXfBNugnlch1vkq-Jh3Egb3gdwCe


Larsimont, P. (2024, 16 mars). Que veulent les travailleurs de la génération Z ? Le Devoirhttps://www.ledevoir.com/economie/809019/veulent-travailleurs-generation-z?


Lavoie, S. (2024, 26 janvier). La nécessaire évolution du marché du travail. Le Journal de Québec. https://www.journaldequebec.com/2024/01/26/la-necessaire-evolution-du-marche-du-travail