Le Silmarillion de J. R. R. Tolkien, la création derrière le Seigneur des Anneaux

J. R. R. Tolkien a rédigé les premières ébauches du Silmarillion en 1914, à l’aube de la Première Guerre mondiale, et y a travaillé toute sa vie. Il s’agit essentiellement d’un énorme plan de 400 pages, où contes et récits s’entremêlent pour former les bases d’un univers mythologique. La période ainsi couverte s’étend de la création du monde sur lequel s’étendent les Terres du milieu, Arda, jusqu’à la fin du Troisième âge ( soit l’épilogue du Seigneur des Anneaux ). Verdict du ComMédia : 8/10.

Le monde d’Arda (aka la Terre il y a bien longtemps)

Le monde d’Arda (aka la Terre il y a bien longtemps)

Tolkien n’a jamais terminé le Silmarillion avant sa mort, son fils a rassemblé ses divers écrits en une seule publication ; un recueil et non un roman. Malgré tout, les chapitres suivent un certain ordre chronologique, et se complètent. C’est avec un ton poétique que l’auteur parvient à réécrire l’histoire du monde, de notre monde en vérité… Car mises à part la fiction et la magie, le Silmarillion repose sur la vision pessimiste qu’avait Tolkien des humains faits de chair et d’os. Il joint ensuite cette vision aux inspirations de nature religieuse.

Les Valars!

Les Valars!

Pour la religion, tout commence avec… Dieu. Un Dieu unique dont le nom est Eru, ou Illuvatar si vous aimez mieux, c’est comme vous voulez. Presque tous les personnages et les lieux du livre ont plus d’un nom pour les désigner, et ce à travers plusieurs langages qui évoluent au gré du temps et qui s’influencent entre eux. Cela montre bien le grand intérêt de Tolkien pour les langues (il était professeur de langue et littérature à Oxford). L’elfique, comme le monde, ne fut pas construit en un jour!

Bref, revenons en à la religion. Eru, comme Dieu unique, s’assimile bien entendu au Dieu de la religion catholique dont l’auteur fut un ardent croyant toute sa vie. La différence étant qu’il a ici façonné de ses mains une légion d’esprits, ses propres enfants : en quelque sorte des dieux eux aussi, mais inférieurs à leur père. ils s’appellent les Valars. Donc, voilà qu’à ce niveau-ci on se rapproche sûrement un peu plus des Grecs ou des Romains. Quoiqu’il en soit, l’un de ces Valars, du nom de Melkor, démontre dès les premières pages un certain penchant pour la perfidie et le malice. Il fait penser à Satan, l’ange déchu du paradis et l’incarnation absolue du mal.

Dame Galadriel, Legolas et Elrond! :)

Dame Galadriel, Legolas et Elrond! :)

Les elfes sont les premiers êtres vivants à voir le jour sur les Terres du Milieu, près d’un petit cours d’eau. Ils sont les premiers enfants d’Eru, et les favoris des Valars (pas de chance pour les hommes, les nains et les hobbits!). Parfois, ils ont l’air tout à fait normaux… Mais, à regarder le teint de Dame Galadriel, on voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. À défaut d’avoir la peau transparente, ils sont blancs comme la lune. En fait, ils ont un rapport très proche avec Arda, de même qu’avec la lune et le soleil (tous les deux aussi créés par Eru). Ils sont immortels et peuvent retourner à leur guise jusqu’à Valinor, la cité des dieux à l’extrême occident. Dame Galadriel est la petite-fille d’Owe, l’un des premiers elfes. Elle vient du Premier âge et est donc vieille de plusieurs milliers d’années, tout comme Elrond le demi-elfe (dans la même parenté éloignée). Les elfes aussi ressemblent à des anges, dans le fond. Et à la fin du Seigneur des Anneaux, ils quittent presque tous les Terres du Milieu pour se rendre à la cité des dieux.

Les Noldor et leur meneur Feanor

Les Noldor et leur meneur Feanor

À l’instar de nos ancêtres, quelques uns ont utilisé un passage gelé pour s’en retourner sur les Terres du Milieu à une certaine époque (après avoir vécu à Valinor près des dieux, c’est comme s’ils se rendaient en Amérique depuis l’ouest). C’est qu’une partie des elfes, les Noldor, ont trahi les Valars et se sont enfuis en croyant que ces derniers voulaient leur voler les joyaux qu’ils avaient forgés, les Silmarils. Bien sûr, rien de tout ça n’était vrai ; seulement des supercheries de Melkor, auquel les Valars, ses frères, venaient d’accorder une armistice. Les Noldor sont un peu comme Judas qui trahi Jésus… Et à la fin ils se font pardonner.

Mais voilà que leur trahison et leur fuite pour reprendre les silmarils à Melkor (caché dans sa forteresse sur les Terres du Milieu) a mené à la première des grandes guerres. Une grande guerre inspirée selon certains de LA Grande Guerre du monde réel. Car, il faut bien le dire, la guerre n’arrête jamais sur plus de 400 pages. Un combat en amène un autre, et la paix ne dure jamais. Les rois se meurent et se succèdent. Le mal ne peut pas disparaître complètement. Tolkien avait en effet participé à la Première Guerre mondiale.

Petit hobbit joufflu !

Petit hobbit joufflu !

Les humains sont les plus corruptibles de toutes les races, et pourtant Eru leur réserve un destin spécial, inconnu de presque tous. Au reste, la mort est associée dans ce livre à un privilège. Je vais vous laisser lire le livre et apprendre comment sont nées les autres races… La plus mystérieuse, et la plus unique, reste celle des hobbits, celle qui sauve le monde de Sauron (serviteur de Melkor) dans le Seigneur des Anneaux. Au final, ce que nous dit Tolkien, c’est que seules l'innocence et la bonté pures peuvent étouffer le mal pour toujours… Et qu’elles-mêmes ne sont pas à l’abri de la corruption.

Bref, le Silmarillion raconte surtout la destruction de grands royaumes et de grands personnages mêlés à des destins absolument tragiques. En soit, il n’est pas très agréable à lire. Le style est plutôt aride, mais sert bien les intentions présumées de l’auteur en mariant à merveille mythologie et poésie (je vous conseille donc de le lire an anglais). Quant aux intrigues, il est facile de ne plus s’y retrouver après quelques chapitres, à cause des noms de personnages et de lieux (merci au lexique). Finalement, voyez ce livre comme un manuel d’histoire des Terres du Milieu ; si vous aimez la mythologie, si le fantastique vous plaît, n’hésitez pas!

Écrit par Jérémie Bellefleur, rédacteur en chef du ComMédia