Il y a deux ans, j’ai été diagnostiquée d’un trouble de la personnalité limite, plus communément connu sous le nom de « borderline personality disorder », ainsi que d’un trouble anxieux. Il va sans dire que ces dernières années ont été un réel défi pour moi. Les troubles anxieux étant eux-mêmes assez courants, les troubles de la personnalité sont très différents et résultent la plupart du temps d'un traumatisme, d’une prédisposition génétique ou encore d’un déséquilibre chimique dans le cerveau. Il m'a cependant fallu attendre un certain temps avant d’obtenir le bon diagnostic, les symptômes du TPL étant fortement similaires à ceux du trouble bipolaire. La partie la plus difficile quand on souffre d'un trouble psychique, c’est la manière dont la société a tendance à nous dépeindre. En effet, les personnes atteintes de maladies mentales sont très souvent vues comme manipulatrices, dangereuses, impuissantes et égoïstes, toutes des idées reçues. Les gens ne sont toujours pas assez éduqués en matière de santé mentale et c’est quelque chose qui, de nos jours, vient réellement poser problème.
Il y a 5 ans, j’ai eu à faire le deuil d’un ami après des années de lutte contre la dépression. Lorsqu’il s’agit de suicide, au lieu d’apporter l’aide nécessaire à la personne en détresse, il est toujours plus facile de passer outre et d’ignorer les signes. On nous dit que certains l’ont eu pire, que ce n’est qu’une mauvaise passe, qu’il est inutile de dramatiser... C'est malheureusement ce qui arrive lorsque quelqu’un se résigne enfin à demander de l’aide : personne ne semble prendre la situation au sérieux, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Nul ne peut savoir ce que traverse autrui et ce qu’il se passe véritablement dans sa vie. Vivre avec la dépression ou toute autre condition psychologique ne signifie pas nécessairement passer la journée entière à pleurer dans son lit ; c’est aussi souffrir en silence tout en gardant le sourire. Ce n'est pas parce qu’une personne a vécu l’expérience d'une certaine manière qu’elle se manifestera automatiquement de la même façon pour une autre. Ce qui me désole le plus dans tout ça, c’est qu’avoir des problèmes de santé mentale est devenu tendance chez les plus jeunes, voire même une sorte d’esthétique sur les réseaux sociaux. Désormais, le terme « dépression » est utilisé à tout va et dans n’importe quel contexte, ce qui tend à décrédibiliser ceux ou celles souffrant réellement de la maladie.
Ce que la société a du mal à comprendre c’est qu’aujourd’hui, l’utilisation de termes psychologiques tels que « bipolaire » pour décrire un état d’esprit ou un mauvais tempérament vient davantage contribuer à l’augmentation de la stigmatisation autour de la santé mentale. C'est pourquoi il est primordial de se renseigner davantage sur le sujet, afin de briser une fois pour toutes le tabou. C'est un enjeu réel qui doit cesser d’être à la fois démonisé et romantisé. Vivre avec un trouble psychique est un combat quotidien pouvant toucher n’importe qui et qui nécessite beaucoup plus de reconnaissance; ce n'est pas un choix et encore moins une honte. Il est normal de lutter et souffrir en silence ne devrait jamais être une option.
Margot Duga
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Image: La santé mentale au travail : Une question de gros bon sens. (s. d.). Consulté 4 décembre 2021, à l’adresse https://www.revuegestion.ca/la-sante-mentale-au-travail-une-question-de-gros-bon-sens