Chasse aux lions

« C'était comme si Aslan avait fait une pause à Narnia et avait collé son museau dans un continuum espace-temps sous son aisselle. Ou peut-être que c'était la journée emmenez votre animal en peluche au travail? » (Friedman, 2023) C’est en effet le 23 janvier 2023, durant la Fashion Week de paris, que la maison Schiaparelli a fait une entrée rugissante. En effet, cette maison de haute couture et de prêt-à-porter a l’habitude de faire parler avec son style qui frôle le réalisme, mais qui cherche surtout à provoquer. Une provocation qui a peut-être été un peu trop loin cette fois-ci, mais qui pour le coup, a mis aux lèvres de chacun le nom Schiaparelli.

En renouvellement permanent, chaque créateur doit chercher à se démarquer, à encrer son défilé dans le temps ; à amener les autres à voir le vêtement d’une autre manière. En bref, le but d’un défilé, comme ceux de la Fashion Week, est de romantiser une histoire à travers des créations complètement inouïes.  Ce qui nous amène au thème de la maison Schiaparelli, qui s’est laissée porter par l’univers de Dante, et ce, dans le but de rendre hommage aux « différentes terreurs, dont un lion (pour symboliser la fierté), un léopard (la luxure), et une louve (l’avarice) » qui est représentée dans le poème de cet auteur italien. (Vincent, 2023)

L’industrie de la mode roule extrêmement vite poussant donc tout le monde à suivre son rythme. Néanmoins, pris dans cet univers magnifique, la rivalité devient parfois le seul moyen d’y arriver puisque sans tortues, il ne reste que des lièvres. La stratégie devient donc ; Qu’est-ce qui démarquera la marque d’une autre? Et ce qui fait sortir du lot une marque, c’est quand une conversation se créer autour de ses vêtements ; cette énergie d’amour-haine.

Le problème est que la copie est ce qui démontre qu’une marque à atteint cette renommée tant désirée. Donc chaque créateur, s’investie dans ce but précis d’être remarqué par le plus commun des mortels et le plus communs des mortels lui, cherche à reproduire pour faire de la contre bande. Et, de là est parti la polémique, en lien avec Schiaparelli, qui agit comme écho autour de la marque, car peu importe s’il s’agit de véritables têtes ou seulement de copies, il devient alors facile de reprocher à cette maison d’haute couture « de contribuer à la glamourisation des trophées de chasse et du braconnage ». (Vincent, 2023)

En effet, la culture des trophées de chasse est bien réelle et est très grave. Dans certains pays, il s’agit aussi d’un métier comme un autre qui permet de gagner de l’argent. C’est pourquoi, lorsqu’une marque de luxe emprunte cette culture pour lui donner une envie de porter ce trophée, cela peut paraître comme étant une façon d’encourager et de rendre glamour cet acte inhumain. C’est pourquoi PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), une compagnie appelant à un traitement éthique des animaux, s’est impliquée dans cette vague de controverse autour de ce défilé, mais aussi autour de Kylie Jenner qui a porté une des robes ciblées. Pour eux, la robe que Kylie Jenner portait était majestueuse et innovante, mais même si elle n’était pas faite de vraies fourrures, il s’agissait tout de même d’une composition qui a fait en sorte que « des vers à soie ont été ébouillantés vivants et des moutons ont été exploités pour leurs toisons » (Friedmann, 2023). La question serait ; pourquoi continuer d’utiliser de la soie, par exemple, quand la technologie du milieu du textile nous permet de tout faire à base de faux, et ce, à la perfection ? Pour le prestige de porter de l’unique ?

Donc c’est vrai, chaque défilé représente une nouvelle histoire qui sera racontée, car il doit y avoir cette impression de nouveau. Le but de la mode est de créer du jamais vu, et ce, afin de divertir, d’éblouir et de séduire les acheteurs. Néanmoins, nous nous trouvons dans une génération où tout sujet peut devenir tabou et où l’on doit s’abstenir pour les oreilles sensibles. Mais, parfois, il faut savoir reconnaître que ce sont ces sujets qui nous permettent de mieux réfléchir sur des choses que l’on évite, comme nous l’a permis Schiaparelli avec la cruauté animale, encore beaucoup trop présente dans le milieu de la mode, mais aussi avec la glorification des trophées de chasse.  

Une question me vient alors à l’esprit ; est-ce que la maison Schiaparelli voulait tirer une révérence en toute honnêteté ou est-ce qu’elle cherchait plutôt à provoquer un sujet de discussion qui allait en faire rugir plus d’un? Après tout, la mode a toujours et sera toujours un monde particulier, mais à quel prix ?

Mégane Emmanuelle English

Sources

Friedman, V. (25 Janvier 2023) Controversy in the Wild Kingdom of Couture. The New York

Times. https://www.nytimes.com/2023/01/25/style/paris-haute-couture-fashion-week-lion-dress.html

Friedmann, C. (23 janvier 2023) Fausses têtes de lion, de louve et de panthère : le défilé

Schiaparelli divise sur les réseaux sociaux. Madame Figaro. https://madame.lefigaro.fr/style/news/fausses-tetes-de-lion-de-louve-et-de-panthere-le-defile-schiaparelli-divise-sur-les-reseaux-sociaux-20230123

Vincent, A. (24 janvier 2023) Les têtes de lion, louve et léopard du défilé Schiaparelli scandalisent

les réseaux et Peta. Madmoizelle. https://www.madmoizelle.com/les-tetes-de-lion-louve-et-leopard-du-defile-schiaparelli-scandalisent-les-reseaux-et-peta-1487433